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Maladies professionnelles : l’Anses alerte sur le caractère cancérigène de la silice cristalline

L’actualité | publié le : 27.05.2019 | Gilmar Sequeira Martins

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Maladies professionnelles : l’Anses alerte sur le caractère cancérigène de la silice cristalline

Crédit photo Gilmar Sequeira Martins

L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) estime que 365 000 personnes en France travaillent en contact avec des poussières de silice cristalline, minéral reconnu comme cancérigène.

La silice cristalline va-t-elle connaître le même destin que l’amiante ? L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a publié le 22 mai les résultats de son expertise sur les risques pour la santé des travailleurs exposés. En France, près de 365 000 personnes seraient exposées par inhalation à ce minéral, en particulier au quartz, sa forme la plus couramment rencontrée, devant la tridymite et la cristobalite. La silice industrielle, ainsi que les matières minérales et les matériaux contenant de la silice cristalline sont utilisés en tant que matière première, additif ou auxiliaire technologique, avec ou sans transformation, dans une multitude d’applications : verrerie, fonderie, chimie, caoutchoucs, peintures, construction avec en particulier les bétons, les parements funéraires, etc.

L’Anses estime entre 23 000 et 30 000 le nombre de travailleurs exposés à des niveaux excédant la valeur limite d’exposition professionnelle (VLEP) de 0,1 mg/m3 actuellement en vigueur, et plus de 60 000 le seraient à des niveaux excédant la VLEP, la plus basse proposée au niveau international (0,025 mg/m3 ). Plus des deux tiers de ces niveaux d’expositions concernent le secteur de la construction, devant les secteurs de la fabrication des produits minéraux non métalliques, de la métallurgie et des industries extractives. « Au vu du niveau de preuve sur les effets sanitaires associés à la silice cristalline et des niveaux d’exposition estimés », l’agence conclut à l’existence d’un risque sanitaire « particulièrement élevé » pour la population professionnelle « exposée à des niveaux supérieurs ou équivalents à la VLEP actuelle ».

Déclaré cancérigène depuis 1997

Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), l’agence spécialisée dans le cancer de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a classé la silice cristalline comme cancérigène pour l’homme en 1997. Le rapport de l’Anses note que depuis cette date, « toutes les études publiées ont confirmé le lien avec le développement du cancer broncho-pulmonaire (CBP) », ajoutant que « le risque est majoré en présence d’une silicose pulmonaire, mais les études disponibles confirment l’existence d’un risque significatif indépendamment de la silicose ». Outre la silicose et le cancer broncho-pulmonaire, l’expertise de l’Anses confirme une association significative entre une exposition à la silice cristalline et le risque de développer une maladie auto-immune comme la sclérodermie systémique, le lupus érythémateux systémique et la polyarthrite rhumatoïde.

De la même manière, l’exposition à la silice cristalline augmente le risque de développer des pathologies respiratoires non malignes autres que la silicose telles que la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), l’emphysème ou la tuberculose. Enfin, une association a été observée dans les études entre l’exposition à la silice cristalline et le risque de pathologie rénale ou d’une pneumopathie infiltrante diffuse (PID) de type fibrose pulmonaire idiopathique (FPI), mais les données actuellement disponibles sont insuffisantes pour expliquer ces relations de manière précise…

Rappelant que les « travaux exposant à la poussière de silice cristalline alvéolaire issue de procédés de travail » ont été considérés comme cancérigènes et inscrits dans l’annexe I de la directive 2004/37/CE, l’Anses appelle à transposer rapidement en droit français les conséquences de cette inscription. Elle recommande également de réviser les VLEP pour la silice cristalline, jugés insuffisamment protectrices, sans faire de distinction entre ses différentes formes. Elle estime aussi nécessaire de faire évoluer les diagnostics et le dépistage de certaines pathologies (silicose, tuberculose, pathologies rénales…) pour des sujets exposés ou ayant été exposés professionnellement à la silice cristalline. Enfin, elle recommande une révision des tableaux de maladies professionnelles en lien avec la silice cristalline.

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins