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Canada : Nouvelles incitations pour faire travailler les seniors

L’actualité | publié le : 27.05.2019 | Ludovic Hirtzmann

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Canada : Nouvelles incitations pour faire travailler les seniors

Crédit photo Ludovic Hirtzmann

Pour maintenir les plus de 60 ans dans l’emploi, le gouvernement québécois a adopté des mesures – plus que nécessaires dans un contexte de plein-emploi et de pénurie de main-d’œuvre.

« La demande est telle que les candidats ne se présentent pas aux entretiens, parce qu’ils ont trouvé mieux entre-temps, ou alors, lorsqu’ils se présentent, c’est uniquement pour négocier leur salaire », confie une recruteuse du ministère de l’Économie du Québec. Plus de 1,4 million de postes seront à pourvoir d’ici 2025 au Québec. Retenir les seniors en emploi est donc un défi, qu’entend bien relever le gouvernement québécois. Principale mesure, un crédit d’impôt à partir de 60 ans pour ceux qui choisissent de continuer à travailler. Le ministre des Finances du Québec, Éric Girard, vient d’indiquer que pour une personne de 60 ans, le crédit d’impôt bonifié viendra augmenter de 18 129 dollars à 28 226 dollars le niveau de revenu à partir duquel elle paie l’impôt. Cette mesure prend le nom de « crédit d’impôt pour la prolongation de carrière ». Les entreprises auront aussi un bonus. La réduction des charges patronales sera de 50 % pour les salariés âgés de 60 à 64 ans et de 75 % pour les plus de 65 ans. L’opposition, via le Parti québécois, a proposé un report des versements des prestations de retraite à 75 ans (contre 65 ans actuellement) pour les travailleurs qui le souhaitent.

Des pensions insuffisantes

Selon l’organisme national Statistique Canada, un Canadien sur cinq âgé de 65 ans et plus, soit près de 1,1 million de personnes, a déclaré en 2015 avoir travaillé pendant l’année. La hausse de l’emploi des seniors s’explique par plusieurs facteurs. Près de deux tiers des Québécois dépendent des régimes de retraites publics, insuffisants pour vivre décemment, et ils n’ont d’autre choix que de travailler. Le système de pensions est flexible. Il n’existe pas d’âge obligatoire pour prendre sa retraite au Canada, mais plutôt un âge pour avoir le droit de percevoir cette dernière, fixé à 65 ans. Les Canadiens peuvent toucher leur retraite et continuer à travailler. Selon plusieurs experts, les mesures pour maintenir les aînés au travail n’auront un impact que sur les travailleurs les moins aisés. Passé l’équivalent de trois fois le salaire minimum, il serait pratiquement nul.

Par ailleurs, selon une étude menée en 2017 sur les travailleurs âgés par Diane-Gabrielle Tremblay, professeure à l’université du Québec, et son assistante Sarah Nogues, « les travailleurs vieillissants et particulièrement les 65 ans et plus sont souvent des travailleurs indépendants. Lorsqu’on leur demande ce qui les amènerait à repousser leur retraite, les réponses les plus fréquentes sont les suivantes : s’ils avaient eu une meilleure santé (20 %), s’ils avaient trouvé un emploi (16 %), s’ils avaient pu travailler à temps partiel (8 %) et si le travail avait été moins stressant ou exigeant physiquement (7 %) ».

Aménagements

Certaines entreprises l’ont bien compris. Tel Rona, une immense chaîne de quincaillerie où les aînés sont nombreux dans les emplois de service à la clientèle. Plus du tiers des employés ont plus de 50 ans. C’est un choix délibéré de l’entreprise. Elle estime que les clients préfèrent se diriger pour un conseil vers un employé plus âgé, jugé plus expérimenté. Autant dire que le senior est un générateur de ventes. Rona a adapté ses conventions collectives et le temps de travail pour ces profils. Afin de retenir ses employés plus longtemps, la société a progressivement accordé les mêmes avantages sociaux pour les travailleurs à temps plein, les plus jeunes et les temps partiels, généralement plus âgés. Parallèlement, l’enseigne a mis en place un programme de tutorat et de transfert d’expertise intergénérationnel.

Saint-Hubert, la grande chaîne de rôtisserie québécoise, est elle aussi une grande employeuse de seniors. Dans ce groupe de 10 000 employés, il n’y a pas d’arrêt d’activité brutal à un âge déterminé, mais des plans de fin de carrière individuels pour retenir les employés le plus tard possible. Principale mesure, la diminution du temps de travail, par exemple de cinq jours à trois jours par semaine. Et aussi le changement de poste. À l’âge de la retraite, des cadres peuvent devenir livreurs de poulets rôtis à domicile !

Auteur

  • Ludovic Hirtzmann