Dans la région du Toulois, le dispositif national d’accompagnement des PME propose des prêts remboursables et des partages de compétences qui ont généré ou préservé près de 200 emplois.
En 2009, la fermeture de l’usine Kleber, qui employait 826 salariés à Toul, a provoqué un traumatisme durable dans un bassin de population rural dont cette filiale du groupe Michelin constituait le principal employeur industriel. Dix ans plus tard, le dispositif national Alizé (Action locale interentreprises en zone d’emploi), retenu par les chefs d’entreprise du pays Terres de Lorraine, a contribué à revitaliser ce territoire de près de 100 000 habitants au sud-ouest de la Meurthe-et-Moselle. « Alizé nous a aidé à nous organiser en réseau, à financer nos projets de développement et à conforter l’entraide entre dirigeants. Cette dynamique entre en compte dans la relance économique que nous constatons aujourd’hui », estime Fabrice Chartreux, dirigeant de plusieurs sociétés, président du comité Alizé Terres de Lorraine et maire de la commune de Domgermain.
Mis en place voici plus de vingt ans à l’échelle nationale, Alizé, qui compte à Longwy, au nord de la Meurthe-et-Moselle, l’une de ses plus anciennes implantations, propose aux PME du territoire des avances remboursables, des échanges de compétences et l’appui de grands groupes. Conclue en 2012 et renouvelée ce printemps, la convention triennale sur le pays des Terres de Lorraine a soutenu 45 projets pour un montant de 980 000 euros, offert 129 jours de compétences, généré 115 créations d’emploi et pérennisé 75 autres, essentiellement sous la forme d’aide à la reprise.
« L’aide est systématiquement conditionnée au projet de création ou de pérennisation de l’emploi. Les demandes sont examinées par un comité d’agrément constitué d’entreprises locales, de banques, d’experts-comptables ou d’associations. Le mécanisme est le même partout, mais nous observons des problématiques très différentes selon les territoires », note Émilie Dulac, référente Alizé Terres de Lorraine et Longwy à la CCI 54, la chambre consulaire de Meurthe-et-Moselle, qui pilote le dispositif. Distants de 130 kilomètres, les deux bassins d’emploi – l’un, rural et enclavé, l’autre, post-industriel et frontalier – ne se ressemblent pas, mais Alizé y affiche des résultats comparables.
En Terres de Lorraine, le fonds initial de 441 000 euros essentiellement abondé par Michelin a permis d’octroyer des prêts compris entre 15 000 et 30 000 euros. Tous ont été remboursés, à une défaillance près. Ces aides permettent aux PME de passer un cap de trésorerie, de financer un développement ou d’acquérir une machine. Elles présentent de surcroît un effet levier pour d’autres financements régionaux ou bancaires. Les entreprises de Terres de Lorraine ont recouru plutôt timidement au partage des compétences, se limitant souvent à des coups de pouce de quelques heures ou de quelques jours, le temps de mettre en place un nouvel équipement ou de partager un savoir-faire technique ou commercial. « L’appétence pour le partage des compétences varie beaucoup d’une région à l’autre. À Dijon, ces échanges sont plus prisés que les prêts remboursables, sans doute parce que les grands groupes y sont plus présents », note Fabrice Chartreux.
Inclus dans le dispositif national depuis son origine, Saint-Gobain n’a rejoint le comité d’agrément d’Alizé Terres de Lorraine qu’en 2017. Le groupe de 180 000 salariés, qui détient trois usines Saint-Gobain PAM en Meurthe-et-Moselle, propose aux PME un large prisme d’accompagnement. « Nous pouvons mobiliser un salarié de proximité sur le plan technique, financier, RH, ou encore, pour des aides en matière de sécurité ou de stratégie », indique Hervé Codron, délégué développement économique des PME/PMI à Saint-Gobain Développement. En matière de RH, le groupe propose notamment la relecture des contrats de travail ou des éclairages sur les réformes des mécanismes de formation.
Créé en 1997 et piloté par l’association Astrées, Alizé déploie sur une trentaine de territoires de l’Hexagone et des Dom-Tom un programme de solidarité interentreprises basé sur le mécénat de compétences. Les 260 grandes entreprises partenaires ont ainsi épaulé plus de 2 000 PME en leur accordant des prêts remboursables ou en leur proposant de courtes missions d’appui. Elles y gagnent, pour leur part, une meilleure connaissance du tissu local et des prestataires potentiels.