logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Sur le terrain

Dialogue social : Direction et salariés de Foncia font le pari de l’UES

Sur le terrain | publié le : 13.05.2019 | Catherine Abou El Khair

Constituer de manière volontaire une unité économique et sociale pour instituer des relations structurées avec les élus : c’est l’option peu habituelle qui a été choisie par le réseau immobilier et d’administration de biens.

En 2018, Foncia – qui compte plus de 7 000 collaborateurs et 550 agences immobilières – et un groupe de salariés mandatés ont cosaisi le tribunal d’instance de Versailles pour faire reconnaître l’existence d’une communauté de travail au sein du réseau d’agences. Une initiative qui a permis de structurer le dialogue social au niveau du groupe, organisé ainsi autour d’un CSE central et de 5 CSE régionaux. Au total, ce sont ainsi 180 sièges qui ont été proposés.

Jusqu’ici, « en fonction de la taille des agences, on avait quelques DUP voire des DP. C’était un niveau de dialogue social assez limité qui, du fait de l’évolution de notre modèle, atteignait ses limites », explique Nathalie Moreau, DRH groupe. La constitution de l’UES permet ainsi au réseau d’adopter un dialogue social plus centralisé sans passer par la fusion des différentes entités, une alternative qui posait des « difficultés opérationnelles ».

Cette main tendue au dialogue social doit permettre d’accompagner la transformation du groupe, qui affiche notamment l’ambition d’améliorer la « qualité de service » auprès des clients. « Nous sommes conscients que les représentants du personnel ont un rôle à jouer dans la compréhension des enjeux », souligne Nathalie Moreau. Parmi les chantiers en cours : le projet « Métropole » qui consiste à regrouper des agences dans les territoires denses et implique de faire évoluer les modes de travail de ses collaborateurs. Au menu des négociations sur la qualité de vie au travail qui ont démarré figurent d’ores et déjà l’enjeu de la qualité de la relation managériale, la gestion des déménagements mais aussi l’organisation du télétravail.

L’attractivité d’employeur constitue l’autre enjeu de l’UES. Premier effet tangible : l’ensemble des salariés du groupe a aujourd’hui accès aux œuvres sociales et culturelles, « première » des attentes exprimées par les salariés, selon Quentin Barbet-Vervliet, DSC CFDT. « Ça va être un argument pour garder les personnes chez nous », abonde Sylvie Chêne, DSC CFTC. Les négociations avec les organisations syndicales ont par ailleurs abouti, dans le cadre des NAO, à l’attribution de trois jours de congés rémunérés « enfants malades » et à la prise en charge des tickets restaurants.

L’organisation de l’UES constitue une petite révolution au sein d’un réseau où la majorité des élus du personnel n’étaient pas syndiqués. À l’issue des élections professionnelles organisées fin 2018, la CFTC est arrivée première avec 83 % des voix, suivie de la CFDT (17 %). Les élus du personnel ont reçu deux jours de formation aux enjeux du CSE au sein de l’Institut supérieur du travail. Si Foncia revendique un soutien massif de la part des collaborateurs à la cosaisine et un taux de participation de 68 % aux élections, il a malgré tout fallu aller au-delà de certains préjugés. « Il a été nécessaire de leur expliquer qu’on ne serait pas là à brûler des pneus », souligne Quentin Barbet-Vervliet (CFDT).

Culture syndicale

Pour Sylvie Chêne, qui n’a jamais été syndiquée, la réforme du dialogue social redonne du poids aux instances du personnel, qui jusqu’ici « n’avaient aucun pouvoir, n’avaient jamais de rendez-vous et n’étaient pas entendues ». Selon les deux syndicalistes, la centralisation du dialogue social a pour effet positif « d’identifier des problèmes récurrents, de partager beaucoup d’expériences et de trouver des solutions ».

Prochain dossier sur lequel les deux représentants souhaitent se pencher : le harcèlement au travail ainsi que les risques psychosociaux.

Un nouvel « outil de gestion »

Traditionnellement utilisée par les syndicats, la reconnaissance de l’UES « est devenue un moyen d’organisation du personnel » pour les employeurs, selon Nicolas de Sevin, président d’Avosial (syndicat des avocats d’entreprise en droit social), qui voit régulièrement des cas similaires obtenant une issue positive. Mais attention : « C’est une étape très importante pour l’entreprise. Il faut y réfléchir », avertit-il. « Autant c’est utile et efficace, mais il y a des conséquences en termes de participation, d’information sur les salaires, sur les budgets qu’il faut bien prendre en considération », souligne-t-il.

Auteur

  • Catherine Abou El Khair