Après une pétition lancée en avril par l’association Territoires zéro chômeur longue durée pour pousser Emmanuel Macron à étendre cette expérimentation, ce livre coécrit par Claire Hédon, présidente d’ATD quart-monde France, enfonce le clou. Analysant le bilan des deux premières années d’expérimentation, l’association à l’origine du projet plaide pour pérenniser le dispositif, s’inquiétant de la baisse de financement de ces emplois par l’État en 2019. Si les résultats sont modestes (800 chômeurs embauchés en CDI entre 2017 et 2018 via les entreprises à but d’emploi), « l’impact économique est positif » pour l’État, qui réaffecte les coûts du chômage et des minimas sociaux dans cette opération, soutient ATD quart-monde. Le livre rappelle le cadre de cette loi d’expérimentation votée en 2016, qui consiste à créer des emplois locaux dans des marchés non concurrentiels (recyclerie, nettoyage de voitures, épicerie solidaire). Des CDI qui permettent « aux personnes de reprendre confiance en elles », les bénéficiaires ayant en moyenne quatre ans de chômage derrière eux. L’ouvrage manque de clarté sur un dispositif complexe, reposant sur des comités locaux et une myriade d’acteurs (communes, missions locales, chefs d’entreprise…). Mais il n’élude pas les difficultés des entreprises à but d’emploi (EBE) à motiver des chômeurs « qui ont parfois renoncé à l’idée de retrouver un emploi », soulignant « leur manque de moyens ». La lecture vaut le détour pour la diversité des témoignages : directeurs d’entreprise à but d’emploi en Bretagne, dirigeants de TPE… Mais aussi pour les portraits de salariés embauchés via les EBE, montrant une grande précarité, des reconversions après un licenciement pour maladie professionnelle… Pour ceux qui s’intéressent à la réinsertion, la lecture donne un bon aperçu d’un modèle fragile qui se cherche encore. L’évaluation du dispositif « demande du temps », et doit tenir compte du lien social qui se recrée au sein des petites villes, plaide ATD quart-monde.