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Restauration : Un CFA interentreprises pour former 1 000 apprentis

Le point sur | publié le : 13.05.2019 | Dominique Perez

En créant un CFA commun, Adecco, Korian, Accor et Sodexo espèrent répondre à des besoins de recrutement non satisfaits et redorer l’image des métiers de la cuisine.

Pour le groupe Adecco, l’assouplissement des conditions de création des CFA a résonné comme une chance. Première action, ce printemps, l’ouverture d’un CFA des métiers du recrutement : « Nous nous sommes saisis très vite de l’opportunité offerte par la nouvelle loi, explique Frédérique Plasson, directrice générale des solutions emploi et formation du groupe. Compte tenu de la pénurie actuelle de compétences dans différents métiers, il faut absolument apprendre à recruter autrement les candidats. » Et notamment en élargissant leur sourcing des candidats, en développant l’analyse et la sélection sur des soft skills, au-delà même du recrutement sans CV. Vingt premiers « apprentis » ont intégré la toute nouvelle formation, élaborée avec l’IGS, pour préparer un titre. Un premier pas suivi très rapidement d’un deuxième, incluant à la fois les propres besoins du groupe et ceux de certains de ses clients.

Des besoins considérables

« Au cours de nos rencontres avec des clients, nous évoquons régulièrement la situation pénurique des métiers de la cuisine, témoigne Frédérique Plasson. C’est ainsi que nous avons eu l’idée de la création d’un CFA commun à plusieurs entreprises. » Sodexo, Korian et Accor se sont associés à The Adecco Group pour élaborer un projet de CFA commun pour les métiers de la cuisine et de la restauration, qui ouvrira ses portes en 2020. Cette démarche nouvelle, qui unit des entreprises assez concurrentielles sur le marché du recrutement, signerait-elle une nouvelle manière d’aborder ensemble cette problématique ? « La loi en tous les cas permet de prendre des orientations plus ouvertes en matière de formation, plus proches du système suisse ou allemand. Vous formez pour nourrir un écosystème, pas pour répondre aux besoins d’une seule entreprise. » Et ces besoins sont considérables : on estime à environ 60 000 aujourd’hui les postes à pourvoir dans ce secteur. Accor recrute environ 900 personnes pour les métiers de la cuisine, Sodexo 1 350 et Adecco Groups plus de 9 000 intérimaires par an…

En créant une structure commune, capable d’accueillir 1 000 apprentis, les entreprises s’engagent dans une démarche de mise à plat de leurs besoins et pratiques spécifiques, pour des contenus pédagogiques écrits à plusieurs mains, devant correspondre aux exigences de chacune d’elles mais également déboucher sur un titre commun, de niveau III, en cours d’élaboration. Objectif : avoir une meilleure lisibilité vis-à-vis des candidats potentiels et une cohérence dans le programme de formation. « Actuellement, il y a une fragmentation de l’offre de formation », constatait Rémi Boyer, le directeur des ressources humaines de Korian, à l’occasion de la signature de l’accord le 4 mars dernier. L’entreprise, qui collabore avec une quarantaine de CFA spécialisés sur les métiers de la cuisine, considère que « ce système n’est pas optimal par rapport à (ses) besoins massifs de recrutement ». Initiées dans un premier temps dans trois bassins d’emploi, en Auvergne Rhône-Alpes, Paris, et dans le Sud de la France, les formations s’étendront progressivement sur le territoire grâce à des partenariats avec des CFA existants.

Un espoir de fidélisation

Repérer les « soft skills » communs nécessaires à l’apprentissage et à l’exercice des métiers est un des chantiers mis en œuvre par le groupe d’intérim via son département Adecco Analytics, mis au service du futur programme de formation. « Nous sommes en mesure d’identifier les compétences et qualités des personnes qui performent dans ces métiers, pour élargir les critères de recrutement et définir des formations axées, non seulement sur la technique, mais aussi sur l’accueil, le sens du service… », explique Frédérique Plasson. Mal connus et peu attractifs, les métiers de la cuisine sont parmi ceux qui, selon les entreprises partenaires, peuvent encore permettre de bénéficier d’un « ascenseur social ». En favorisant une transversalité des apprentissages et un accompagnement des parcours, les entreprises partenaires espèrent pouvoir non seulement attirer, mais fidéliser de nouveaux professionnels.

Auteur

  • Dominique Perez