Le malaise était déjà perceptible fin avril. Jean-Patrick Gille, le président de l’Union nationale des missions locales (UNML), avait alors rencontré Pierre-André Imbert, le conseiller social de la présidence de la République. Au cœur de l’échange, les nombreux griefs des missions locales, depuis la baisse de crédits prévus par les conventions pluriannuelles d’objectifs aux « modifications rétroactives de règles de paiement » en passant par le « retard de versement de subventions en 2019 » (voir n° 1429 d’Entreprise & Carrières). En Ile-de-France, le niveau de crispation a franchi un nouveau palier début mai. Les missions locales de cette région ont en effet rejeté les propositions financières du préfet de région et refusent de signer les conventions pluriannuelles d’objectifs (CPO). Elles demandent à l’État le versement immédiat de l’avance de 50 % des crédits afin d’assurer leurs missions et comme préalable à l’ouverture des négociations budgétaires. Se réservant la possibilité de recourir à d’autres formes de mobilisation, les missions locales d’Ile-de-France estiment que 70 emplois sont actuellement menacés. Selon elles, leur disparition priverait d’accompagnement 10 000 jeunes de la région.
Les 72 missions locales actuellement en activité en Ile-de-France accompagnent chaque année 165 000 jeunes dont 70 000 durant la première année. Plus globalement, elles dénoncent un financement de la garantie jeunes « gravement remis en cause sur l’exercice 2019 avec une réduction de 45,5 % des autorisations d’engagement de crédits », une « baisse de 5,5 % de la dotation de fonctionnement pour les missions locales de la région Ile-de-France », passée de 27,2 millions d’euros en 2018 à 25,8 millions en 2019 ainsi que l’intégration dans le budget d’un « bonus-malus à l’efficience qui pénalise de nombreuses structures ». Deux autres sujets focalisent l’inquiétude des missions locales d’Ile-de-France. Elles estiment que la pression financière exercée à leur encontre a pour but de pousser une partie d’entre elles à des fusions « sans concertation ni projet de structure » et craignent de se voir absorbées par des opérateurs de l’insertion socio-professionnelle.