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Épargne salariale : Prime « Macron bis » : mauvais signal pour l’intéressement ?

L’actualité | publié le : 13.05.2019 | Benjamin d’Alguerre

L’annonce du renouvellement de la prime de fin d’année défiscalisée pourrait nuire à la négociation d’accords d’intéressement dans les entreprises jugent certains experts.

À peine votée, la loi Pacte serait-elle déjà écornée ? En annonçant le 25 avril le renouvellement de la défiscalisation de toute prime de 1 000 euros versée par un employeur à ses salariés dans le cadre de l’intéressement, Emmanuel Macron vient, en tout cas de porter un mauvais coup à l’un des dispositifs emblématiques du texte porté par Bruno Le Maire, à savoir la facilitation des accords d’intéressement dans les entreprises. « Ça n’incitera pas les chefs d’entreprise à négocier des accords de mise en place de PEE ou de PERCO. À choisir entre le versement d’une prime défiscalisée une seule fois par an et la négociation d’un accord d’intéressement au long cours, un dirigeant de PME ou de TPE aura vite fait de faire le premier choix », affirme Thibault Lanxade, l’une des deux personnalités chargées de faire la promotion des dispositifs d’épargne salariale auprès des entreprises.

« Les entreprises raisonnent en budgets »

Initialement mise en place en décembre 2018 pour répondre à l’urgence de la crise des gilets jaunes, cette prime destinée à soutenir le pouvoir d’achat des travailleurs a été versée par près de 410 000 établissements à deux millions de salariés. Problème : ce sont surtout ceux des grands groupes qui ont le mieux profité des dotations les plus généreuses alors que les modalités de la loi Pacte visent au contraire à développer cette pratique dans les PME, TPE et ETI. La suppression du forfait social dans les entreprises de moins de 250 salariés en début d’année allait d’ailleurs dans ce sens. « Sauf que les entreprises raisonnent en budgets. Certaines accepteront sans doute de renouveler cette “prime Macron bis” mais elles le feront surtout pour répondre aux injonctions de l’Élysée, pas pour motiver les salariés à l’intéressement aux résultats de leur entreprise », estime Hubert Clerbois, président du cabinet de conseil en épargne salariale EPS Partenaires.

Petit espoir de retourner la tendance : que les salariés comprennent leur intérêt à investir dans un accord d’intéressement. « La spécificité de la prime, c’est qu’elle n’est exempte de charges et d’impôts qu’à hauteur d’un plafond salarial brut maximum de 3 000 euros. Les salariés rémunérés au-delà pourraient comprendre l’intérêt de la voir versée dans un plan d’épargne plutôt que de régler des impôts dessus… et faire pression sur leur employeur et représentants du personnel pour conclure un accord en ce sens ! », explique François Dillemann, du CIC-Crédit Mutuel. Mais à l’heure où le débat public tourne autour des questions de pouvoir d’achat immédiat, l’argument sera sans doute difficile à faire valoir.

Auteur

  • Benjamin d’Alguerre