Se préoccuper de la santé des salariés et les accompagner dans leur parcours au sein de l’entreprise, ce n’est pas nouveau pour cette société nordiste, familiale à l’origine, comptant 300 personnes. L’un des objectifs de Dickson-Constant, il y a déjà dix ans, était de diminuer les dangers. « Le groupe américain Glen Raven étant alors devenu propriétaire de Dickson, le safety first (la sécurité avant tout) était la consigne », raconte Jean-Louis Bauduin, responsable qualité. Le groupe textile avait obtenu la norme OHSAS 18001, relative à la sécurité en entreprise. « Parallèlement, nous nous préoccupions aussi de la réduction de nos déchets et de contrôler nos risques de pollution. En 2011, nous avons été certifiés ISO avec la norme environnement 14001 », précise le responsable qualité. L’origine des démarches de certification chez Dickson est liée à un souci de transfert de compétences entre anciens et nouveaux. « Lors des départs en retraite, le savoir-faire n’étant pas détaillé, il ne pouvait être transmis aux arrivants. On a donc souhaité standardiser nos productions pour qu’il n’y ait pas de hasard dans nos fabrications. » En 2000, l’ISO 9001 marque ainsi le début de professionnalisation des process de l’entreprise.

Lorsque l’ISO 45001 est publié, l’entreprise poursuit les actions menées en santé et sécurité au travail (SST) et décide de l’obtenir. Chose faite en février. « C’est un nouveau référentiel qui répond à une approche processus. Celle que nous avions avant était basée sur les procédures. Il a fallu tout revoir. Cela nous a permis de nous challenger et de nous remettre en question. » Pour Jean-Louis Bauduin, la norme aide à l’organisation et représente un indicateur de performance. « C’est un outil pour piloter et mettre tout le monde dans la bonne direction. Ces démarches nous ont appris à être méthodiques et transparents. Rédiger tout ce que l’on fait et répondre aux exigences de l’audit annuel, c’est un exercice rigoureux mais bénéfique. »

La grande force de cette récente certification ISO est qu’elle requiert la participation des salariés. « Ils sont partie prenante. Chez nous, ils ont été filmés afin de prendre en compte chacun de leurs gestes : à quel moment mettent-ils les bouchons d’oreille, où sont déposées les chaussures de sécurité ? Ils nous ont montré comment ils travaillent. Concertés pour les décisions d’amélioration, ils sont aussi informés des résultats. » Dickson indique une baisse de 15 % à 20 % d’accidents de travail sur la période 2017-2018. Preuve de l’utilité des efforts de sensibilisation, selon Jean-Louis Bauduin. « Pouvoir travailler sur des machines en assurant sa propre sécurité, mais aussi celle des autres, c’est primordial. La logique de cette certification est d’avoir une vue globale sur toutes les probabilités de risques. Cela inclut les prestataires chez nous et les missions chez des sous-traitants. Nos salariés doivent pouvoir bénéficier de la même sécurité de travail lorsqu’ils sont en intervention hors nos murs. »

Le groupe nordiste s’impose à lui-même cette rigueur normative. Mais, selon le responsable qualité, aucun client n’a exigé ces certifications : « Le groupe américain ne nous les demande pas non plus. C’est notre culture d’entreprise : on ne fait pas du business à n’importe quel prix. Certainement pas au détriment de la sécurité. »

La norme ISO 45001 a été référencée et publiée en 2018 par l’Organisation internationale de normalisation pour réduire les accidents de travail sur un plan mondial. Les sociétés certifiées doivent procurer des lieux de travail sûrs et sains aux salariés en prévenant les traumatismes et les pathologies liés au travail. Cette norme ISO remplace le référentiel britannique OHSAS 18001 relatif à la santé et à la sécurité au travail qui visait à établir une procédure en cherchant des solutions aux dangers et problèmes constatés. Plus managérial, l’ISO 45001 est destiné aux directions des entreprises et leur demande d’impulser une culture de la prévention. La norme ISO oblige à une réflexion globale de fonctionnement et d’analyse de contextes. Autre nouveauté : ce système de management de la santé et de la sécurité au travail est basé sur l’humain. En effet, l’ISO 45001 intègre le point de vue des parties intéressées en sollicitant les travailleurs.