logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Le point sur

Gestion RH : Retraite progressive : un dispositif encore méconnu

Le point sur | publié le : 29.04.2019 | Lucie Tanneau

Image

Gestion RH : Retraite progressive : un dispositif encore méconnu

Crédit photo Lucie Tanneau

Moins de 20 000 personnes touchent aujourd’hui une retraite progressive. Depuis 1988, ce système permet de travailler à temps partiel tout en touchant une partie de sa pension, avant l’âge légal. Des conditions qui séduisent de plus en plus depuis 2015.

Des chiffres en peau de chagrin. Au 31 décembre 2018, 18 150 salariés français bénéficiaient du dispositif de retraite progressive, c’est-à-dire qu’ils restent salariés à temps partiel et complètent leur salaire en touchant une partie de leur pension de base versée par le régime de la Sécurité sociale et de retraite complémentaire. Ces seniors composent une toute petite minorité des 666 423 nouveaux retraités de 2018, selon les chiffres de la Caisse nationale d’assurance vieillesse. Ils sont cependant, chaque année, de plus en plus nombreux.

Si le dispositif de retraite progressive existe depuis plus de trente ans, il a fallu attendre le décret du 16 décembre 2014, qui permet de partir avant l’âge légal, pour que le dispositif décolle. Ainsi, 1 502 seniors bénéficiaient de la retraite progressive en 2014 ; 3 871 en 2015. Et donc plus de 18 000 aujourd’hui. Soit douze fois plus de prétendants en cinq ans. Parmi eux, des salariés ayant plusieurs employeurs (régime général ou agricole), autorisés grâce à un nouveau décret paru en 2017 à bénéficier également de cette transition plus douce entre vie active et retraite. Les assistantes maternelles sont notamment concernées.

Salarié éligible

À qui s’adresse ce dispositif ? La retraite progressive du régime général de la Sécurité sociale est accessible aux salariés de plus de 60 ans qui justifient d’une durée d’assurance retraite d’au moins 150 trimestres, tous régimes de retraite obligatoires confondus, et qui exercent une ou plusieurs activités salariées à temps partiel représentant une durée de travail globale comprise entre 40 % et 80 % de la durée de travail à temps complet. Le salarié éligible en fait alors la demande à son employeur, qui peut accepter ou refuser. Une fois entré dans le dispositif, le salarié se rapproche des caisses de retraite pour évaluer ses droits. Il touchera en effet le salaire correspondant à son nouveau temps de travail et le complément en retraite de base et complémentaire, calculé selon la même formule que la retraite définitive suivant la durée de l’activité à temps partiel. Par exemple, s’il travaille à mi-temps, il percevra la moitié du montant de la pension calculée par sa caisse de retraite. Le montant dépend des droits à pension acquis au dernier jour du trimestre civil précédant la date de départ en retraite progressive. S’il n’a pas encore assez de trimestres pour bénéficier d’une retraite à taux plein, sa retraite progressive fait l’objet d’une décote, dont le taux ne peut pas dépasser 25 %.

Une préretraite avantageuse

La retraite progressive est à ce jour le seul moyen d’améliorer le montant de la retraite une fois celle-ci liquidée (lire aussi pages suivantes). Contrairement au beaucoup plus connu cumul emploi-retraite (plus de 500 000 personnes) dans lequel les droits sont liquidés définitivement à la date d’entrée dans le dispositif, la retraite progressive permet d’acquérir des trimestres et des points supplémentaires. Le montant des pensions sera donc recalculé à la fin de la période de retraite progressive. Le salarié peut choisir de cotiser sur son salaire à temps partiel ou sur un taux à temps plein en assumant alors le différentiel de cotisations, ou en demandant à son employeur de le prendre en charge. Objectif de ce dispositif ? « La retraite progressive a vocation à assurer une transition entre la vie active et la retraite, à éviter le changement brutal qui peut être mal vécu par le salarié en lui assurant une fin de carrière plus douce », analyse Stéphane Bonnet, le directeur de l’Union Retraite, un service public d’informations aux assurés, qui vise à rendre plus simple et plus compréhensible le système de retraite par les usagers. « Depuis les années 2010, la retraite progressive a également un second objectif : c’est une manière indirecte d’inciter les personnes à prolonger un peu leur activité », complète-t-il. Intéressant, alors que le vieillissement de la population pèse de plus en plus sur les caisses de retraite. Avec l’avantage pour les entreprises de conserver plus longtemps les compétences, d’assurer le transfert des connaissances entre les seniors et les nouvelles recrues, de valoriser les expertises… Et, côté employés, de générer de nouveaux droits tout en bénéficiant d’un emploi du temps plus tranquille, qui permet de se préparer plus en douceur à la retraite et au changement de vie qu’elle implique.

Sur le portail Info-retraite.fr, qui regroupe l’ensemble des éléments à connaître, le salarié peut ainsi bénéficier de simulations des montants de ses pensions et faire sa demande de retraite (avec le formulaire Cerfa dédié à la retraite progressive le cas échéant). Pourquoi, alors, le nombre de bénéficiaires reste-t-il si marginal ? Il faut noter que le dispositif ne dure que deux années au maximum, ce qui limite le nombre de retraités concernés. « Le fait de demander l’avis de l’employeur est aussi une barrière psychologique, note Stéphane Bonnet. Beaucoup de salariés préfèrent choisir des dispositifs sur lesquels ils sont seuls décideurs. » Car, pour certains, parler « retraite » à son employeur risquerait de les marginaliser dans l’entreprise avant même la fin de leur carrière. Avec la peur d’être perçu comme un collaborateur démotivé ou paresseux réclamant en réalité un temps partiel. Du côté des entreprises, pourtant, le retour est positif (lire plus loin).

Baisse de pouvoir d’achat

Reste que la diminution du temps de travail peut être difficile à assumer financièrement pour des salariés qui, à l’approche de la retraite, doivent accompagner leurs enfants dans les études ou l’accès à un logement, ou qui veulent économiser en pensant à l’avenir. Si la baisse de pouvoir d’achat peut être visible pendant deux ans, il faut aussi noter qu’elle peut être synonyme de baisse d’impôts. « L’assuré doit connaître sa situation en version consolidée avant de prendre une décision entre retraite progressive, cumul emploi-retraite, durée du temps partiel, indique Stéphane Bonnet. En moyenne, quelqu’un qui part à la retraite a trois ou quatre régimes d’affiliation, nous conseillons donc de demander un relevé de carrière (disponible sur le portail Info-retraite.fr en créant un compte) et de faire des simulations avant d’opter ou non pour une retraite progressive. » Même progressive, une retraite se prépare…

Auteur

  • Lucie Tanneau