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Dire la vérité en face

Chroniques | publié le : 29.04.2019 |

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Dire la vérité en face

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Meryem Le Saget conseil en entreprise

La transparence justifie-t-elle de tout dire à tout moment ? Parfois, l’envie nous démange de dire franchement à un collègue ce que l’on pense de lui. Pour qu’il ouvre les yeux sur certains comportements énervants ou voie les conséquences de ses actes. Heureusement, on se retient. Effectivement, certains feedback peuvent s’avérer très destructeurs. La colère n’étant pas bonne conseillère, il serait sage de ne pas céder à l’impulsion. En quelque sorte : « Si tu es en colère, surtout ne fais rien ! »

Donner un feedback n’est ni régler des comptes, ni se libérer d’un poids. Trop souvent, on lâche une vérité à la figure de l’autre par réaction, sans réfléchir. On se justifie en disant que la personne le méritait bien, mais on finit un peu gêné. Certains petits malins ne s’encombrent pas avec ce genre de malaise, ils l’ignorent ! Pour eux, la vie est plus simple, évidemment. Mais ils créent beaucoup de dégâts autour d’eux.

Quand on ressent l’envie de dire à une personne ses quatre vérités, la première question à se poser est : « Quelle est mon intention derrière cet acte ? ». Si ce n’est pas pour améliorer la situation ou clarifier la relation, mieux vaut s’abstenir. Car cela cache sans doute le besoin d’exprimer un ressentiment. Il est plus efficace de parler quand l’intention est d’ouvrir la discussion, mieux se comprendre et dissoudre une tension.

Le jeu n’est pas d’avoir raison ou de fustiger l’autre, c’est d’avancer ensemble. Si celui qui s’exprime est persuadé de son bon droit et attend que l’autre se remette en question, la discussion s’engage mal : il y a fort à parier qu’elle restera stérile. En revanche, rien n’empêche d’exprimer à une personne ce que l’on ressent, si c’est pour résoudre ensemble un malentendu.

La deuxième question permet de vérifier son intention jusque dans les faits : « Ce que j’ai envie de dire va-t-il aider ? ». Cette interrogation permet d’affiner la façon de s’y prendre. Au lieu de vouloir enfoncer l’autre, on cherche à préserver l’avenir de la relation. Un bon principe consiste à commencer par rappeler les faits qui posent problème, puis exprimer à la personne l’effet de ses comportements sur autrui et sur soi en particulier. « Quand tu fais ceci, voilà les conséquences que je vis et les sentiments que je ressens. » Puis la laisser réagir. Avec cette approche, la personne aura davantage envie de s’expliquer que si elle se sent jugée et critiquée. Effectivement, derrière toute critique se cache de la colère rentrée, que l’autre capte. L’échange est donc tendu, la personne attaque pour se justifier ou se replie sur la défensive. Autant se placer d’emblée sur un terrain constructif.

Pour dépasser le stade de « la vérité en face » et entrer dans l’espace de la solution ou de l’apaisement, il faut exprimer à l’autre ce dont on a besoin pour que la relation soit plus fluide, et lui faire une demande. Tous ceux qui pratiquent la communication non violente connaissent bien ces étapes : faits, sentiments, besoin, demande.

Dire la vérité en face n’est pas « bon » ou « mauvais », tout dépend de l’intention qui nous anime et de notre capacité à accorder notre intention et nos actes. Une intention louable exprimée de façon abrupte fera des dégâts. En revanche, l’envie de clarifier un malaise en mettant sur la table ce que l’on a sur le cœur peut faire beaucoup de bien à tous.