Contribuer à améliorer le monde ! C’est la finalité de la mission que s’est assignée norsys, entreprise du secteur numérique dont le siège est situé à côté de Lille. Tout comme la minuscule utilisée pour le nom de l’entreprise, l’ambition réelle et pourtant bien marquée s’affiche en contexte d’humilité. « Nous sommes conscients que notre action reste modeste et que c’est à petite échelle vue l’ampleur de ce qui doit être fait. Mais nous allons faire tout notre possible pour produire un rôle positif dans l’évolution sociétale et environnementale », explique Sylvain Breuzard, PDG de norsys qu’il a fondée en 1994. « L’état du monde s’est dégradé très rapidement depuis 15 ou 20 ans. Pour norsys, il est important d’agir, de s’impliquer, de s’engager encore plus que ce qui a été réalisé – par exemple au sein de la fondation(1). On voulait aller plus loin. »

En avance sur la loi Pacte (Plan d’action pour la croissance et à la transformation des entreprises, qui vient de passer en deuxième lecture au Sénat), norsys a défini sa raison d’être fin 2018 : « Concevoir, avec une préoccupation humaine et éthique, des usages du numérique efficaces afin de contribuer à l’évolution positive du monde ».

En modifiant ses statuts, l’entreprise a souhaité inscrire cet objectif sociétal au même titre que ses engagements capitalistiques. « Ne se préoccuper que de la RSE, c’est insuffisant par rapport aux besoins du monde, estime Sylvain Breuzard. Il nous a semblé primordial de nous engager concrètement de manière rigoureuse et exigeante. Avec notre raison d’être en objet social rédigé clairement dans nos statuts, on s’expose publiquement à d’éventuelles réprimandes de clients ou collaborateurs qui nous reprocheraient de ne pas suivre notre mission. Cela s’accompagne aussi d’une obligation d’un audit externe. »

Afin d’exercer cette mission avec cohérence, un conseil d’éthique composé de 12 membres a été constitué. Des collaborateurs dont les métiers sont différents, et des personnes extérieures à l’entreprise (dont un spécialiste RSE et un chercheur expert data) se réunissent régulièrement pour donner des directions et répondre à des questions concrètes en termes de positionnement. « Faut-il travailler avec un client ou un fournisseur dont l’activité est trop éloignée de notre raison d’être ? Un cas s’est présenté et la réponse du conseil d’éthique – dont je ne fais pas partie, précise Sylvain Breuzard – a conduit à un refus de contrat. » En pleine croissance, ce groupe de 550 personnes sur l’ensemble de ces établissements en France et un au Maroc, plébiscite la performance qui apporte du sens.

Norsys a également obtenu le label B Corp et intègre ainsi un groupe de sociétés dont les objectifs sociaux et environnementaux sont clairement définis. « On voulait s’engager aux côtés d’entreprises œuvrant dans le même sens, dans un cadre mondial », commente Sylvain Breuzard. « B Corp est un référentiel d’indicateurs très exigeants et les résultats de chacune des entreprises labellisées peuvent être consultés », ajoute le PDG. Importé des États-Unis, ce label rencontre un succès grandissant auprès d’entrepreneurs européens et français. Avec un questionnaire de 200 critères évalués sur les engagements en termes de transparence et de gouvernance notamment, une demande de documents à l’appui, le processus de certification pointilleux et sélectif géré par l’ONG américaine B Lab peut décourager certaines entreprises intéressées. Mais la communauté des « B Corps » s’accroît néanmoins et le mouvement se développe grâce à une structuration de ses représentants en France.