Depuis dix ans, CFAO propose à ses expatriés un « bilan retraite » afin de les préparer à la fin d’activité, en abordant également la question du transfert des savoir-faire. Le groupe dresse un bilan positif de cette opération.
« On naviguait à vue », avoue Karine Rannou, DRH chez CFAO, en parlant de la gestion de la retraite des collaborateurs, il y a dix ans. Combien de salariés, parmi les 15 000 du groupe aux multiples services de mobilité, principalement en Afrique, allaient prendre leur retraite dans les cinq ans ? Maîtrisaient-ils les arcanes du système français alors qu’ils étaient, pour certains, en poste à l’étranger depuis des années ? Comment s’opérerait la transmission de connaissances de terrain, essentielles pour le succès des activités, si ces spécialistes partaient sans avoir formé la relève ? Autant de questions, du point de vue du salarié comme de l’entreprise, qui nécessitaient une réponse…
Le service des ressources humaines est donc passé à l’action. « Nous avons d’abord effectué une étude et constaté qu’à horizon de cinq ans, environ 20 % de nos salariés expatriés risquaient de partir à la retraite à 62 ans ou plus », indique Karine Rannou. De quoi largement perturber les activités quotidiennes si cette cessation d’activité s’effectuait dans des conditions peu optimales, pour l’employeur comme pour l’employé… « Puis nous avons demandé à France Retraite de mettre en place pour nous un bilan retraite. Nous nous sommes concentrés sur les expatriés français, les collaborateurs d’autres nationalités étant en contrat local ou cotisant dans un autre système que le système français », poursuit la DRH de la CFAO. « Il s’agit de prévoir une date de départ, mais surtout, de préparer le salarié à la retraite et à la transmission de son savoir », indique de son côté Séverine Dominique, la responsable marketing et communication de France Retraite, cabinet de conseil spécialisé dans la gestion des fins de carrière et la préparation à la retraite. Désormais, depuis dix ans, au lieu de « naviguer à vue », CFAO anticipe, au point de vue de la gestion humaine, les départs en retraite dans ses équipes.
« En proposant ce genre de service, nous avons fait tomber un tabou, indique Karine Rannou. D’autant que le groupe s’est rendu compte à travers l’étude que les collaborateurs éprouvaient beaucoup d’inquiétude, aussi bien sur le montant de leur retraite, qu’ils avaient souvent grand mal à calculer, que sur leur fin de carrière dans l’entreprise. Certains se disaient même que s’ils avançaient l’idée d’une date de départ, leur supérieur hiérarchique allait ensuite les forcer à tenir cette date… » Les outils inclus dans le bilan retraite proposé par France Retraite donnent des informations sur l’âge et les contraintes du système, ainsi que sur le niveau de pension à attendre. Ils permettent également de réaliser des simulations pour pouvoir décider en toute sérénité quand partir. De quoi calmer bien des angoisses.
« L’impact de cette initiative est très positif, relève Karine Rannou en faisant le bilan de l’opération, menée auprès de 200 collaborateurs. Le simple fait de nouer un dialogue entre salarié, DRH et manager a vraiment permis de dédramatiser les choses », ajoute-t-elle. Autre avantage, les collaborateurs y ont vu un signe non seulement de reconnaissance pour leur apport tout au long de leur carrière dans le groupe, mais aussi un outil pour la transmission de leurs connaissances professionnelles sur le terrain. Une satisfaction de plus pour les deux parties.
« Avec les différentes réformes du système de retraite, les salariés sont perdus et ont besoin d’une information claire, indique Séverine Dominique, la responsable marketing et communication de France Retraite. Certains se trompent sur le montant de leur future pension, d’autres sur l’âge même de leur départ en retraite, pensant qu’ils peuvent partir plus tôt que cela n’est le cas, tandis que d’autres découvrent au contraire que des solutions existent pour le différer s’ils le souhaitent. » Et ce n’est pas tout. Avec l’évolution du système de retraite, la fusion de l’Agirc et de l’Arrco, etc., les inexactitudes dans les relevés sont nombreuses… « Au point que 65 % des dossiers que nous traitons présentent des “trous” dans les carrières, qu’elles soient linéaires ou non, et qu’une personne sur treize voit sa retraite liquidée avec des erreurs », indique Séverine Dominique.
