Si la redéfinition de l’objet social de l’entreprise semble compromise dans la loi Pacte, la question de sa responsabilité morale est plus que jamais d’actualité face aux scandales « marquants » de 2018, comme l’affaire de Facebook et du Cambridge Analytica, pointent les chercheurs en gestion de l’université de Dauphine dans leur dernier opus « sur l’état du management ». Cette édition 2019 analyse donc la « tension » entre l’entreprise et les enjeux sociaux et environnementaux. Parmi les tendances, ce bref livre interroge notamment l’avenir de l’industrie face au courant « de la sobriété matérielle ». Ou les solutions (social business, économie circulaire, coopératives) « pour un marché plus inclusif » face à la pauvreté. À noter, un éclairage intéressant sur le concept récent de « safer by design », théorie managériale fondée sur l’optimisation « du rapport risques/bénéfices d’un produit sur l’ensemble de son cycle de vie, tant pour l’environnement que pour la santé ». Une stratégie plus exigeante que la RSE, qui consiste à lancer un produit uniquement s’il ne provoque pas trop de danger en fin de vie… Les chercheurs interrogent les bénéfices et les contraintes « d’un tel business model », qui pourrait faire basculer certains groupes (fabricant de pneus polluants) vers une activité de vente « au kilomètre roulé ». Risque de « cannibalisation », mais aussi perte d’emploi dans la fabrication, la logistique ou avenir de la R & D, « ces questions sont bien réelles, mais restent encore sans réponse » faute d’études, notent les universitaires. Un livre concret, bien inspiré.