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Sur le terrain

Organisation du travail : Renault étend et assouplit le télétravail

Sur le terrain | publié le : 08.04.2019 | Dominique Perez

Prenant en compte les évolutions technologiques et les demandes des salariés, le constructeur automobile a signé un accord consensuel sur les « nouveaux modes de travail », qui s’ouvre à des métiers non concernés jusqu’alors.

Opération dépoussiérage chez Renault SA. Après un an de mise à plat et de négociations, la maison mère du constructeur automobile a signé le 7 février dernier un accord « relatif aux nouveaux modes de travail », qui revisite le précédent texte sur le télétravail, paraphé en janvier 2007 par les principales organisations syndicales (CFDT, CGT, CFE-CGC, CFTC, FO). Précurseur, l’accord de 2007 « était très en avance et très innovant à l’époque, rappelle Maximilien Fleury, responsable des relations sociales au sein de la direction des ressources humaines de Renault France. Son succès a été continu et, début 2019, nous comptions 3 200 télétravailleurs ». Mais les évolutions technologiques et celles de la réglementation ont décidé l’entreprise à se pencher à nouveau sur le dossier.

« Un avenant au premier accord avait déjà permis d’adapter certaines mesures, précise Germain Rault, secrétaire adjoint CFDT au comité central d’entreprise. La durée minimale de télétravail a été notamment ramenée à un jour par semaine et non deux comme précédemment, ce qui avait limité l’accès de l’encadrement au dispositif. »

Mais l’accord de 2019 va bien au-delà. « Les modes de travail à distance sont simplifiés grâce au digital et le cadre légal1 a évolué, explique Maximilien Fleury. Il était nécessaire de travailler à un texte. » Premier avantage du nouveau cadre de télétravail, la souplesse. Les formalités administratives pour demander à en bénéficier ont été simplifiées. « Nous avons voulu un dispositif souple, qui permet le télétravail de tous les lieux en France métropolitaine le permettant, précise le responsable des relations sociales. La formule est simple : jusqu’à deux jours de télétravail chaque semaine pris en journées ou demi-journées au choix du collaborateur. Elle permet de mixer des jours fixes, sécurisant les organisations professionnelles et personnelles, et variables et d’ajuster au mieux son planning via un simple workflow. »

Renforcer le collectif ?

Paradoxalement, ce nouvel accord, pour la direction de Renault, doit également permettre de « renforcer le collectif de travail, au travers d’une meilleure organisation et planification et d’une amélioration des espaces collectifs de travail. C’est un enjeu clé ». Le manager peut ainsi définir deux jours par semaine pendant lesquels toute son équipe doit être présente au bureau, « journées clés pour organiser des réunions d’équipe ou du travail collectif, mais aussi pour partager des moments conviviaux… ». Un objectif louable, mais pas obligatoirement réaliste, pour la CFDT : « La crainte est qu’il sera difficile de faire en sorte que tous les membres d’une équipe soient présents pendant deux jours hebdomadaires », souligne Germain Rault.

L’activité avant la fonction

Aujourd’hui, l’essentiel des télétravailleurs se situent au Technocentre de Guyancourt (78), qui concentre 11 000 salariés. Si pour certaines activités de production, il semblait très difficile d’envisager l’accès à ce dispositif, les possibilités de télétravailler se sont néanmoins beaucoup assouplies. « L’ancien accord excluait les agents de production, constate Germain Rault, maintenant c’est l’activité et non la fonction qui est considérée. C’est-à-dire qu’un agent de maintenance, par exemple, pourra en bénéficier pour exécuter un travail administratif, ou rédiger des rapports, ou un agent de production pour préparer ses tests de changement de coefficient, par exemple. Cette ouverture permettra certainement de supprimer le télétravail « gris », qui résultait d’un accord non formalisé avec le manager, mais qui posait des questions de réglementation. » Parallèlement, l’entreprise a investi deux millions d’euros pour aménager des espaces collectifs de travail. Autrement dit, chez le constructeur automobile, le développement du télétravail va maintenant de pair avec celui du travail collaboratif.

(1) La récente réforme du Code du travail prévoit notamment le recours occasionnel au télétravail, à condition que cela soit stipulé dans l’accord collectif ou la charte encadrant le dispositif.

Auteur

  • Dominique Perez