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Redynamisation : La reconversion de Fessenheim, laboratoire de la future coopération franco-allemande

Le point sur | publié le : 01.04.2019 | Mathieu Noyer

Frontalier de l’Allemagne, le bassin d’emploi directement impacté par la fermeture de la centrale nucléaire veut s’appuyer sur les nouveaux leviers de la coopération transfrontalière pour répondre à des enjeux en termes d’emploi et de formation.

Le territoire de la future ex-centrale nucléaire de Fessenheim se pose en candidat naturel à l’application du traité d’Aix-la-Chapelle. Accolé à l’Allemagne et confronté à un immense défi en matière de reconversion, deux caractéristiques qui entrent dans les critères du nouveau texte en matière de coopération transfrontalière. Le « Projet d’avenir du territoire de Fessenheim », signé le 1er février 2019 par l’État avec EDF ainsi que les collectivités locales et les chambres de commerce et d’industrie limitrophes, françaises mais aussi allemandes, s’est vu décerner le statut de priorités 7 et 8. La priorité 7 renvoie à l’objectif principal du projet consistant à « recréer sur place autant d’emplois que la fermeture de la centrale en aura détruits », soit 1 400 si l’on s’en tient aux effectifs directs et à ceux des sous-traitants. Cette redynamisation s’opérera via une vaste zone d’activités au bord du Rhin (ÉcoRhéna), qui a vocation à devenir une zone franche franco-allemande de quelque 200 hectares.

Comment ? Le Projet d’avenir acte la création d’une société d’économie mixte franco-allemande qui a vocation à piloter au quotidien tout ou partie des mesures qui découleront de ce texte. L’outil devrait naître cet été en associant les signataires du Projet d’avenir et la Caisse des dépôts (Banque des territoires). « Nous sommes dans l’attente de cette échéance pour savoir s’il prendra en charge l’aménagement d’ÉcoRhéna. En attendant, les études préalables sont conduites par le syndicat du port de Colmar, propriétaire des terrains, en association avec notre collectivité », expose Yannick Schwebel, responsable du service action économique de la communauté de communes Pays Rhin-Brisach, dont le territoire comprend la centrale et la nouvelle zone. « Sur la question de l’emploi, nous nous positionnons bien sûr comme le premier relais du futur pilote d’ÉcoRhéna », ajoute-t-il. Les voisins allemands promettent leur concours : à quelques kilomètres du Rhin, ils ont développé une zone d’activités, le GewerbePark Breisgau, sur le site d’une ancienne base aérienne, où ils comptabilisent 2 500 emplois en vingt ans.

« Nous sommes prêts à faire profiter de notre expérience de la reconversion », a indiqué Dorothea Störr-Ritte, élue de l’arrondissement d’accueil.

La formation se veut elle-même franco-allemande autour de Fessenheim. Quelques diplômes binationaux ont été montés en Alsace. De plus, le dispositif d’apprentissage transfrontalier initié par la région Alsace en 2013 (étendu depuis au Grand Est) permet aux jeunes d’effectuer outre-Rhin leur partie de cursus en entreprise, grâce à un contrat de travail de droit allemand et un processus de vérification, par le CFA français, de la conformité du stage aux attentes de la formation. Le traité doit faciliter le développement de telles innovations.

Et dans le cas de Fessenheim, la chambre de commerce et d’industrie (CCI) Alsace Eurométropole siégera dans la société d’économie mixte, « afin de faire jouer un rôle moteur à notre organisme CCI Campus, y compris dans la dimension transfrontalière que nous pratiquons déjà au quotidien », a souligné, le 1er février dernier, Jean-Luc Heimburger, président de la CCI.

Plus largement, le Sud de l’Alsace concerné par l’après-Fessenheim scrute les opportunités possibles du traité. La Maison de l’emploi de la région mulhousienne s’y engouffre déjà. Avec des partenaires comme Pôle emploi, elle travaille à un programme (1,2 à 1,5 million d’euros sur fonds européens) de développement de l’emploi transfrontalier avec l’Allemagne et la Suisse, qui se veut « innovant », notamment sur des cibles qui devraient inclure des publics de migrants.

Auteur

  • Mathieu Noyer