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Alternance : Erasmus + en attente du décret « mobilité »

L’actualité | publié le : 01.04.2019 | Benjamin D’Alguerre

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Alternance : Erasmus + en attente du décret « mobilité »

Crédit photo Benjamin D’Alguerre

Erasmus + France enregistre, en 2018, une hausse du nombre d’apprentis français engagés dans un cursus à l’étranger. Les derniers décrets de la loi « Avenir professionnel » sont attendus pour booster l’apprentissage à l’international.

Davantage d’apprentis, de stagiaires de la formation continue ou de lycéens professionnels profitent des mobilités à l’étranger proposées par Erasmus… mais toujours pour de courtes durées. C’est ce que révèle le rapport d’activité 2018 de l’agence Erasmus + France/Éducation Formation, présenté le 21 mars dernier. Ainsi, en 2018, 18 468 jeunes ont bénéficié d’une mobilité européenne ou internationale à ce titre, contre « seulement » 17 396 l’année précédente. Du mieux sur le plan quantitatif, donc. Côté qualitatif en revanche, la durée du séjour d’un apprenant de la formation professionnelle reste encore très inférieure à celle d’un étudiant lambda. En moyenne, elle s’élève à 27 jours et moins de 10 % (1 985) des bénéficiaires du programme ont passé plus de trois mois à l’étranger. « Dans la majorité des cas, les apprentis partent une fois qu’ils ont terminé leur cursus en France », explique Laure Coudret-Laut, directrice d’Erasmus + France.

Ce hiatus entre apprentis et étudiants s’explique surtout par la diversité des législations nationales concernant le travail. À la différence des systèmes universitaires, les différents pays de l’Union n’ont toujours pas harmonisé leurs environnements réglementaires concernant les cursus professionnels. Ainsi, en Allemagne, un apprenti évolue sous statut scolaire.

En France, sous contrat de travail. Et les points de convergence sont parfois difficiles à trouver concernant, par exemple, la responsabilité civile du chef d’entreprise ou la prise en charge de la protection sociale du jeune.

L’international : élément attractif pour les CFA ?

La loi « Avenir professionnel » du 5 septembre 2018, en s’inspirant des mesures contenues dans le rapport de l’eurodéputé Jean Arthuis visant à faciliter les mobilités professionnelles des apprentis, a souhaité favoriser un développement de l’accès à Erasmus pour ces jeunes. Muriel Pénicaud a même fixé l’objectif de 15 000 alternants engagés à l’international d’ici la fin du quinquennat. Mais en dépit des premiers résultats du projet Euro App’ (un conglomérat de 33 centres de formation professionnelle de 12 pays européens associés pour favoriser les échanges d’apprentis), le projet met du temps à décoller, faute de la parution des décrets « mobilité » accompagnant la loi. La possibilité de suspendre le contrat de travail français durant le séjour du jeune à l’étranger constitue sans doute l’élément le plus attendu du décret. Reste à en connaître les conditions. Pour l’heure, l’agence achève la rédaction d’un guide destiné aux CFA pour les aider à s’intégrer au réseau Erasmus et à monter des services internes dédiés aux relations internationales. Les décrets à venir devraient par ailleurs permettre aux établissements de développer des postes de « référents mobilité » pour favoriser l’alternance à l’international. Parmi les rôles de ces derniers : la promotion des cursus à l’étranger auprès des jeunes et de leurs parents.

À terme, et alors que les CFA vont devoir se challenger les uns les autres maintenant qu’ils sont placés dans le giron des branches professionnelles, ces questions de mobilité internationale pourront même devenir des éléments attractifs pour se différencier, affirme Laure Coudret-Laut. « Cela pourrait même devenir un véritable enjeu d’orientation. »

L’Erasmus des apprentis face au Brexit

Jusqu’en 2016, la Grande-Bretagne constituait la deuxième destination des stagiaires en mobilité internationale. Juste derrière l’Espagne et avant l’Irlande. La proximité du Brexit a changé la donne. L’Irlande vient de surclasser la Grande-Bretagne dans les choix des apprentis et lycéens en matière de cursus à l’étranger. Et même un petit pays comme Malte, anglophone, attire désormais les jeunes. Mais quid de ceux déjà engagés dans un cursus sur le sol britannique ? « Bruxelles propose une sécurisation de la mobilité des apprentis en Grande-Bretagne. L’Union et le Parlement ont approuvé cette décision mi-mars », explique Erasmus + France. La réponse est désormais à Londres…

Auteur

  • Benjamin D’Alguerre