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Égalité femmes-hommes : La famille Salesforce soutient ses salariées

Sur le terrain | publié le : 25.03.2019 | Caroline Crosdale

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Égalité femmes-hommes : La famille Salesforce soutient ses salariées

Crédit photo Caroline Crosdale

Le Californien Salesforce est devenu le champion de la cause féminine avec un programme complet visant à l’égalité professionnelle.

Chez Salesforce, on appelle cela l’esprit Ohana. Une expression empruntée aux habitants d’Hawaï qui veut dire que les familles restent ensemble et sont responsables les unes des autres. C’est ainsi que les 36 000 employés du groupe Salesforce basé à San Francisco et spécialisé dans les solutions de CRM voient leur entreprise. Les liens étroits tissés entre le groupe californien et ses salariés justifient sa place dans les premiers rangs des sociétés américaines où il fait bon travailler. Le palmarès, publié chaque année par le magazine Fortune, a décerné en 2019 la médaille d’argent au groupe high-tech.

Salesforce, quatrième plus grand développeur de logiciels au monde, s’illustre par sa quête d’égalité entre hommes et femmes. Dans la Silicon Valley, connue pour son ambiance de « boys club », le groupe poursuit depuis plusieurs années un objectif d’équité salariale entre les deux sexes pour respecter le sacro-saint principe « à travail égal, salaire égal ». L’idée a germé dans l’esprit de deux femmes cadres de l’entreprise, Leyla Seka, cheffe de division, et Cindy Robbins, « chef people officer », autrement dit responsable des ressources humaines. Les deux salariées ont expliqué à leur patron Marc Benioff qu’elles pensaient que les femmes étaient moins bien payées que leurs collègues masculins. « Chez nous, ça ne se fait pas », a répondu le PDG de Salesforce, qui a raconté son histoire dans l’émission télévisée 60 minutes. Mais le dirigeant a malgré tout accepté de réaliser un audit. Et, à sa grande surprise, il a constaté que les inégalités salariales étaient monnaie courante, dans chaque division, dans chaque département, dans chaque zone géographique. Une première action de remise à niveau des salariés féminins a été réalisée, pour un coût de 3 millions de dollars. Mais cette mesure de rattrapage n’a pas sonné la fin du programme visant à l’égalité professionnelle.

L’année suivante, Salesforce a réalisé un deuxième audit, puis un troisième. Et, à chaque fois, des différences inexplicables sont apparues entre sexes. Un autre critère ajouté à la feuille de route, la couleur de peau, et il a fallu remettre au pot. Le développeur a pour l’instant dépensé près de 9 millions de dollars pour rééquilibrer sa politique salariale. Et il devra sans doute ajouter quelques millions dans les années à venir.

Appuyer sur de multiples leviers

« Le salaire égal est une cible mouvante, surtout dans les entreprises en plein développement dans des secteurs très concurrentiels », explique Cindy Robbins dans le blog maison. D’une année sur l’autre, Salesforce acquiert de nombreuses PME et, à chaque fois, hérite d’une grille de salaires souvent déséquilibrée. Il faut donc sans cesse rectifier le tir. La mission que s’est fixée la direction de Salesforce est en fait très complexe. Cindy Robbins et le nouveau responsable de l’égalité, Tony Prophet, ont compris qu’ils devaient actionner de multiples leviers pour atteindre l’équité tant attendue. Le champ couvert balaie dorénavant les salaires, les droits, la formation et les opportunités de carrière. Pour diversifier son recrutement, Salesforce a élargi son réseau d’universités où piocher ses candidats. Le groupe soutient financièrement 45 écoles, telle Black Girls Code, une école de programmation pour les jeunes filles noires. La moitié des étudiants de Futureforce, l’université de Salesforce sont aujourd’hui des femmes ou des représentants des minorités.

Nouvelles règles

Le deuxième sexe représente 30 % de la force de travail du groupe. Le nombre de femmes a augmenté. Mais encore faut-il que cette féminisation se retrouve aussi dans les rangs des cadres. Dans ce but, Salesforce a encouragé la création d’un réseau interne, qui comprend 6 000 femmes et alliés masculins. Objectif : s’entraider, trouver des mentors, se réunir régulièrement. Marc Benioff, très impliqué dans ce projet, a clairement indiqué qu’il ne voulait plus voir de réunions à l’assistance quasi exclusivement masculine. Il a imposé une nouvelle règle : 30 % de femmes parmi les participants. De même, lorsqu’un poste de cadre se libère, les managers doivent rechercher a minima une candidature féminine ou celle d’un représentant des minorités. Résultat ? 20 % des cadres de Salesforce sont aujourd’hui des femmes. Et trois femmes occupent un siège au conseil d’administration.

Auteur

  • Caroline Crosdale