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Sur le terrain

Actionnariat salarié : Julhiet Sterwen invente un nouveau partage de la valeur

Sur le terrain | publié le : 25.03.2019 | Sophie Massieu

Les deux fondateurs du cabinet de conseil Julhiet Sterwen ont décidé de donner une partie de leurs actions à leurs consultants, à travers un montage financier ad hoc. Ils y voient, notamment, un moyen d’assurer la pérennité de l’entreprise. Mais l’opération risque, aussi, de causer des déceptions…

Huit millions d’euros. C’est, en trois ans, ce que veulent donner Marc Sabatier et Thierry Auzias, fondateurs du cabinet de conseil Julhiet Sterwen, à leurs consultants. De quelle façon ? En leur donnant une partie de leurs actions, qui représentent, à ce jour, 75 % du capital de l’entreprise. Depuis 2015, la société a connu une croissance de 50 % et, en 2018, elle a pu racheter la part du capital que détenait un investisseur extérieur. Demeurent 35 actionnaires environ, dont le président et le dirigeant du cabinet, qui ont décidé de partager leurs biens propres.

Mais faire un don d’une telle ampleur s’avère complexe. « Le don d’actions gratuites, comme cela se fait classiquement, lorsque l’entreprise abonde des fonds misés par les salariés, est très bien mais, à nos yeux, il présente deux désavantages, explique Marc Sabatier, président. D’abord, les sommes en jeu sont faibles et ne permettent pas que les collaborateurs aient le sentiment de réellement partager la valeur de l’entreprise. Ensuite, cela se fait au moyen de l’augmentation du capital, ce qui le dilue d’autant, et pénalise les actionnaires préexistants. » Alors les deux dirigeants ont imaginé un système baptisé le share to shares. Ils ont construit un véhicule financier spécifique, ne comprenant que de l’argent issu de leurs actions personnelles, et où ils puiseront pour faire leurs dons. Les premiers dons devraient intervenir en mai ou juin prochain.

Renforcer la fidélité et l’engagement

Mais tous les collaborateurs n’en bénéficieront pas. « Nous n’avons pas établi de critères mathématiques, mais nous voulons récompenser la fidélité, la potentialité de création de valeur individuelle et effective », précise Marc Sabatier. De quoi susciter des mécontentements, puisque tous n’y auront pas droit et tous ne recevront pas les mêmes sommes. Marc Sabatier prévoit qu’elles se situeront dans une fourchette de 15 000 à 100 000 euros : « Nous prenons un risque, c’est vrai, mais un beau risque. » Au final, dans trois ans donc, Marc Sabatier espère que 25 % des consultants deviendront des « actionnaires significatifs ». Une façon de coller à l’esprit entrepreneurial qui caractérise, selon lui, le cabinet conseil. Un moyen, espère-t-il également, de renforcer l’engagement des collaborateurs, et leur fidélité. Et, au passage, la notoriété de l’entreprise.

Assurer la pérennité

Surtout, le don d’actions, qui dans les trois ans représentera un peu plus de 10 % du capital, est envisagé par Julhiet Sterwen comme un moyen de préparer le retrait futur de ses fondateurs, et donc d’assurer la pérennité de l’entreprise : « Si, au moment de notre succession, les salariés détiennent une fraction plus importante du capital, ils pourront plus facilement faire entrer un investisseur tout en gardant la majorité des parts, donc du pouvoir de décision », prévoit Marc Sabatier, qui aimerait voir d’autres entreprises s’inspirer de l’exemple de son cabinet. À moins que des collaborateurs d’autres entreprises, mécontents du déséquilibre dans le partage de la valeur entre actionnaires et salariés, ne s’emparent du modèle…

Né en 2015 du rapprochement de deux entités, Julhiet Sterwen est un cabinet de conseil en transformation et innovation. Il compte 400 consultants. Son chiffre d’affaires s’établit à 60 millions d’euros en 2018. Compte tenu de ses importantes perspectives de croissance et de ses bons résultats, il s’est vu attribuer le label BPI (Banque publique d’investissement) excellence.

Auteur

  • Sophie Massieu