« Nous ne sommes pas condamnés à crouler sous les datas et la communication numérique », affirme la journaliste Karine Mauvilly dans ce livre militant qui appelle à rompre avec une hyperconnexion frénétique. S’il est difficile de se passer des logiciels ou autres téléphones portables dans sa vie ou au travail, l’auteure prône « le cyberminimalisme », soit une reprise en main « du contrôle de sa vie, par l’évitement numérique ou la maîtrise de l’informatique ». Du tout écran qui envahit l’école à la vie privée ou professionnelle, l’ex-enseignante appelle à « retrouver du temps et du bien-être avec les autres », rappelant que « nos capacités naturelles d’orientation, de mémoire et d’empathie sont affectées » par le numérique. Qu’est-ce que bien travailler lorsqu’on est interrompu en permanence par les mails et autres SMS ? interroge-t-elle, évoquant le stress et le manque de concentration des cadres. Pour étayer son propos, la journaliste cite des études montrant que la performance des salariés augmenterait de 26 % lorsque leur téléphone portable se trouve dans une autre pièce. D’où l’intérêt « d’instaurer des réunions sans objets connectés ». Ce livre donne à réfléchir aux salariés comme aux DRH et aux syndicats. L’auteure évoque un droit à la déconnexion « insuffisant ». Et le problème des salariés « dépossédés de leur travail » par les algorithmes, illustré par le cas de Pole emploi. Or, « peu de syndicats osent empoigner le thème du remplacement de l’humain par la machine pour s’opposer au tout-numérique », selon elle. Karine Mauvilly signe une réflexion intelligente, invitant à revenir à une certaine sagesse : « Nous avons créé des machines pour nous assister dans les tâches répétitives, pas pour finir par les assister à notre tour »…