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Conseil en évolution professionnelle : Les candidats aux appels d’offres vont sortir du bois

Le point sur | publié le : 25.03.2019 | Benjamin D’Alguerre

À compter du 1er janvier 2020, le CEP ne fera plus partie du portefeuille de compétences des Fongecif/CPIR pour être soumis à la règle des appels d’offres. Pas sûr, cependant, que les candidats soient pléthore faute des compétences nécessaires.

Le cahier des charges du futur appel d’offres sur le conseil en évolution professionnelle (CEP) de France Compétences doit paraître « d’ici avril ou mai ». Delphine Poggioli, patronne du cabinet RH bordelais Agilytae, l’attend de pied ferme. Un juste retour des choses : son cabinet, spécialisé dans le coaching emploi et l’aide au recrutement, avait dû renoncer à cette activité lors de la mise en place du CEP en 2015. « Quand le CEP a été ouvert aux actifs, nous avons quasiment mis de côté cette activité. Nous ne pouvions pas concurrencer un service gratuit dispensé par d’aussi gros opérateurs », confie-t-elle. Mais aujourd’hui, elle s’affirme prête à y retourner dès que les conditions d’accès aux appels d’offres seront connues. « On attend les textes pour voir comment ils seront découpés et savoir si de petites boîtes comme la nôtre pourront y accéder », ajoute la gérante d’Agilytae.

Comme Delphine Pogglioli, ils sont nombreux à flairer le filon. Cabinets RH, opérateurs privés de placement, agences de travail temporaire, centres de bilans de compétences… Plusieurs noms circulent. Mais, interrogés, peu confirment, attendant la suite des événements pour se lancer – ou non – sur ce marché. Deux raisons à cela : la peur du mauvais investissement, déjà, mais aussi le fait que sur les cinq opérateurs désignés pour assurer le CEP en 2015, seuls les Fongecif perdront cette compétence le 1er janvier 2020.

Le CEP : un processus lourd

Les quatre autres (Pôle emploi, Apec, Missions locales et Cap emploi) restent encore présents, même s’ils s’impliquent moins sur le champ de la reconversion des salariés. Les institutionnels ne sont pas en reste. Les Chambres de commerce et d’industrie (CCI) veulent s’y lancer. À l’Afpa, des voix évoquent cette possibilité… « Franchement, les CCI ou l’Afpa sont loin d’avoir les compétences internes pour assurer cette prestation ! », rétorque un observateur du secteur de la formation, qui ne croit pas davantage à l’ouverture du marché aux petites structures. « Le CEP est un processus lourd à gérer. Beaucoup d’acteurs peuvent effectivement se positionner sur certains aspects du CEP, mais pas sur la prestation complète. Le modèle est d’autant plus difficile à reproduire que la prestation des Fongecif s’étendait du premier accueil d’un candidat jusqu’au financement éventuel de son projet », estime ce connaisseur.

Pour l’heure, néanmoins, la principale question de reconversion qui se pose… est celle des salariés des Fongecif (aujourd’hui CPIR) en charge de délivrer le CEP. Signe des temps, le Fongecif Île-de-France, ou près de 60 des 120 salariés sont mobilisés sur le seul CEP, fait déjà appel à une prestataire free-lance venue de l’extérieur pour chapeauter ses équipes. « Conseiller CEP, c’est un métier qui demande une expérience rarement trouvable ailleurs que dans les Fongecif. Ces professionnels n’auront pas de mal à retrouver du travail chez un autre opérateur après le 1er janvier 2020 », annonce un membre du réseau des Fongecif lorsqu’on évoque devant lui l’hypothèse de licenciements massifs.

Un savoir-faire

Chercher un boulot de conseiller CEP ailleurs ? Et pourquoi pas dans de nouvelles structures liées aux CPIR ? Si l’idée « d’associations paritaires » extérieures reprenant les personnels et la capacité de répondre aux appels d’offres semble avoir fait long feu, certains imaginent la mise en œuvre ex nihilo de structures originales, mais indépendants des partenaires sociaux, où le savoir-faire des anciens Fongecif pourrait se conjuguer avec la capacité des candidats entrant sur ce marché de répondre aux appels d’offres. À condition que les textes à paraître ne l’empêchent pas. Et à condition que les prestataires privées acceptent le deal. Delphine Poggioli, elle, se dit prête à travailler dans un tel cadre.

Auteur

  • Benjamin D’Alguerre