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Le fait de la semaine

L’occasion de revenir dans le jeu

Le fait de la semaine | publié le : 25.03.2019 | G. S. M.

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L’occasion de revenir dans le jeu

Crédit photo G. S. M.

Les corps intermédiaires ont-ils répondu à l’appel lancé par les pouvoirs publics pour participer au grand débat ?

Globalement, oui. Ils y avaient clairement un intérêt : celui de ne pas rester hors-jeu. Le mouvement des gilets jaunes les a laissés sur la touche quasiment depuis le début. La légitimité du monde patronal a été moins abîmée par le mouvement des gilets jaunes. Les patrons n’ont pas été mis en accusation alors que les critiques sur le montant des dividendes ou des rémunérations des dirigeants ne sont pas si anciennes. Le Medef aurait pu jouer la partie du bout des lèvres mais il a préféré aller sur le terrain. C’était l’occasion de défendre les entreprises et d’insister sur les idées clés relatives à la fiscalité ou à la réduction des dépenses publiques, pour rendre viables des mesures en faveur du pouvoir d’achat. C’était aussi une opportunité de poser des contre-feux sur la question de l’ISF.

Que pensez-vous de la proposition du Medef d’un choc fiscal ?

Que le Medef propose un choc fiscal n’a rien de surprenant. Il est fidèle à son diagnostic : pour lui, la réduction de la dette publique et du déficit est une priorité. Pour cela, il ne peut qu’approuver un relèvement de l’âge de départ à la retraite, que la ministre de la santé a évoqué (ballon d’essai de la communication gouvernementale ?) comme une piste utile. En revanche, réduire le nombre de fonctionnaires et aligner leurs conditions de travail sur celles du secteur privé sera plus compliqué pour le gouvernement. En insistant sur l’impérieuse nécessité de réduire les dépenses publiques, le Medef permet au gouvernement de se positionner en arbitre, face à des revendications syndicales davantage portées sur le statu quo sur ces sujets d’emploi des fonctionnaires.

Que vous inspirent les propositions du Cese ?

La mise en œuvre d’espaces formels d’expression dans les entreprises de plus de 50 salariés, cela n’a rien de nouveau. Cette mesure rappelle les groupes d’expression des salariés institués par les lois Auroux du 4 août 1982. Ce dispositif, situé hors de la ligne hiérarchique et de l’expression des représentants du personnel élus ou désignés, a très vite été délaissé. Les groupes d’expression des salariés ont rencontré la défiance des directions, qui ont craint une contestation du management hiérarchique, mais aussi la réticence des organisations syndicales, qui y ont vu une remise en cause de la démocratie représentative qu’ils incarnent. Nous assistons aujourd’hui à une résurgence d’un besoin d’expression plus directe, porté par le mouvement des gilets jaunes. Avec le même rêve : celui d’une expression dégagée de la logique hiérarchique et de la logique syndicale ou des élus du personnel. Le risque est réel d’une démocratie de l’instant, chargée de référendums, d’émotions passagères, épidermiques, violentes même. Chacun de leur côté puis ensemble, les directions et les élus du personnel construisent des relations réfléchies, dans la durée. Il est utile de mieux utiliser les outils nouveaux de la communication (réseaux sociaux, réunions informelles) pour éclairer, aiguillonner la démocratie représentative ; pas pour la remplacer.

Qu’a-t-il manqué dans ce flot de propositions des organisations professionnelles ?

Il a manqué un message commun des syndicats et des organisations patronales pour signifier à la puissance publique la légitimité d’une action autonome des corps intermédiaires à gérer, hors de toute directive de l’État et en pleine responsabilité, les institutions qu’ils ont créées : assurance chômage, retraites complémentaires, formation professionnelle, etc. François Asselin, le président de la CPME, l’a cependant exprimé lors des négociations autour de l’assurance chômage. Le grand débat était l’occasion de valoriser ce message mais il n’a pas eu d’écho, du fait de la faiblesse générale du patronat et des syndicats. C’est un pas de plus vers la fin du paritarisme. Il est encore temps de justifier les fondements du paritarisme mais si rien n’est fait, ce sera son crépuscule.

Auteur

  • G. S. M.