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Le fait de la semaine

« Les femmes ne doivent rien lâcher ! »

Le fait de la semaine | publié le : 18.03.2019 | L. Z.

Avez-vous été surprise des résultats de l’étude d’Opinionway « Les Français et les mutations du travail », réalisée pour le Printemps de l’économie, en particulier en ce qui concerne l’égalité femmes-hommes ?

Effectivement. Alors que le reste des résultats porte plutôt à l’optimisme, notamment concernant les effets des avancées technologiques sur l’emploi, je ne m’attendais pas à ces niveaux de pessimisme sur l’égalité femmes-hommes. Pis, si, au total, 47 % de Français estiment que cette égalité n’arrivera jamais, les femmes qui ont été interrogées sont 57 % à le penser.

Comment expliquez-vous ces résultats ?

Je pense que c’est le fruit de deux effets principaux. À mesure que la dénonciation des inégalités et la lutte pour les éliminer, notamment au niveau des autorités publiques, ont augmenté, la perception même des inégalités s’est accrue. Autrement dit, les femmes, en particulier, sont plus conscientes de leurs difficultés dans leur carrière ou des freins à leur promotion aujourd’hui qu’hier. Quant à leur pessimisme sur la question d’une égalité à venir, il vient sans doute du fait que, malgré le discours ambiant, elles ne peuvent que constater, par elles-mêmes, que les choses évoluent peu sur le terrain. Pas étonnant dans ces conditions qu’elles doutent de leurs capacités à faire bouger les lignes, les différentes initiatives mises en place, de la loi Copé-Zimmermann sur les administratrices au récent lancement de l’Index égalité femmes-hommes, ne semblant produire pour l’instant que des effets limités dans leur quotidien au travail. Pourtant, les femmes ne doivent rien lâcher !

Mais que faut-il faire alors pour échapper aux mêmes résultats lors des prochains sondages ?

Légiférer pour contraindre, comme cela a déjà été fait, est une bonne chose, il faut poser un cadre clair. De même, il faut donner des chiffres et dire et redire que davantage de femmes top managers ainsi que dans les instances dirigeantes des entreprises est le gage d’une performance accrue pour les organisations. Au-delà de cela, on peut également jouer sur les images, en parlant aux hommes pour leur dire que l’égalité n’est pas contraire au bien-être et à la résilience de l’entreprise, et, aux femmes, en mettant en avant des modèles de réussite au féminin.

Enfin, les RH ont un rôle important. Il leur faut coacher les femmes pour qu’elles osent demander – un meilleur salaire, une promotion – alors qu’on sait par exemple que, diplôme en poche, elles acceptent encore une rémunération moindre que les hommes pour leur premier poste. Par ailleurs, les RH doivent prendre un soin particulier à informer les femmes pour qu’elles postulent lorsqu’un poste s’ouvre ou qu’une opportunité se fait jour, y compris en matière de formation, par exemple. Enfin, les femmes doivent être sensibilisées sur l’intérêt d’un réseau, qui constitue pour les hommes une source d’information essentielle – sur des postes à pourvoir, des contacts, etc. – et dont les femmes se privent encore trop souvent. La solution est donc en partie, mais en partie seulement, si le contexte général évolue, entre les mains des femmes. Si elles reprennent confiance et pensent que les choses vont changer, alors effectivement, les choses pourront évoluer. Et les résultats des enquêtes seront meilleurs dans les années à venir…

Auteur

  • L. Z.