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Groupement d’employeurs : Les entreprises québécoises découvrent le prêt d’employés

L’actualité | publié le : 18.03.2019 | Ludovic Hirtzmann

Au Québec, des systèmes d’échanges de salariés pendant les creux d’activité se sont mis en place. Ces coopératives de ressources humaines demeurent encore toutefois minoritaires.

Dans la Belle province, la Beauce est connue pour sa tradition entrepreneuriale. Au point que les Beaucerons suscitent la jalousie des autres habitants du Québec… Le taux de chômage de la sous-région, même s’il est remonté à 3,6 % en janvier dernier (après avoir oscillé entre 2 % et 3 % l’an dernier), sert de référence à toute la province, où le taux est également faible (à 5,3 % en moyenne depuis quelques mois), mais quand même plus élevé…

À l’instar de nombreuses sociétés québécoises, les entreprises de la Beauce peinent à trouver et surtout à conserver leur main-d’œuvre. C’est notamment le cas pour Metal Sartigan. Cette PME, spécialisée dans la conception et la fabrication de bâtiments d’acier, a besoin de main-d’œuvre pour l’essentiel au printemps et l’été, lorsque ses clients achètent ses produits. L’hiver, l’entreprise québécoise travaille au ralenti. Pendant des années, elle a fait face à un vrai défi : comment motiver des salariés saisonniers pour qu’ils reviennent travailler d’une année sur l’autre ? D’autant plus que dans la Belle province, les travailleurs ont le choix des employeurs et peuvent, du jour au lendemain, quitter leur poste pour un autre, simplement parce que le salaire offre une poignée de dollars en plus !

Il y a sept ans, le directeur des ressources humaines de Metal Sartigan, François Lefort, a eu un déclic : créer une coopérative d’emplois avec les entrepreneurs de sa région. Le principe : l’échange d’employés lors des périodes creuses. Le DRH a alors déniché une entreprise dont l’activité est complémentaire de la sienne. Estampro est spécialisée dans la transformation de métal. Metal Sartigan a prêté les employés dont elle n’avait pas besoin en hiver à Estampro et vice versa avec Estampro qui a un autre cycle saisonnier de production. « C’était une opération risquée. Il fallait avoir confiance qu’on ne nous volerait pas nos meilleurs employés », a confié récemment François Lefort à l’hebdomadaire économique québécois Les Affaires.

Création de coop – RH Jobs

L’initiative du DRH de Metal Sartigan s’est révélée être un succès. D’autres entreprises ont adhéré à ce qui n’était alors qu’un dispositif informel. Afin de ne pas avoir de mauvaise surprise, François Lefort a créé une coopérative, Coop-RH Jobs à l’année, qui regroupe huit employeurs. Avec des slogans : « Des jobs à l’année ! Recherchons des personnes de cœur ayant la possibilité de participer au programme Coop-RH ! » Au cours de ses sept années de fonctionnement, la coopérative n’a eu que 3 % de mauvaises surprises, l’immense majorité des employeurs ayant joué le jeu sans voler le ou les salariés prêtés par l’autre entreprise.

Les entrepreneurs participants ne voient que des avantages à la formule. Il n’est plus nécessaire de dépenser de l’argent dans de coûteuses campagnes de recrutement pour lesquelles les salariés risquent de ne rester que quelques mois. Perdre un employé formé signifie des milliers de dollars de formation partis en fumée. Enfin, les patrons fidélisent ainsi des bons saisonniers. Les salariés, eux, n’ont plus le stress des licenciements et de devoir rechercher un nouvel emploi. L’État enfin économise sur les allocations chômage.

Des règles de bon fonctionnement

Coop-RH n’en fonctionne pas moins selon des règles de bienséance entrepreneuriale. Rien de magique. Les entreprises participantes adhèrent à une charte. « Les fondements de cette entente sont le respect et la confiance mutuelle entre employeurs. L’employeur d’origine est respecté dans ses besoins de rappel de main-d’œuvre en fournissant la période la plus précise possible du nombre de semaines ou des mois du prêt des employés. Les employés sont payés par les employeurs qui les empruntent selon les conditions de travail en vigueur de l’entreprise qui les emprunte », souligne la charte qui précise : « Il n’y aura pas de surenchère de salaire ». Enfin, le tout doit se dérouler « dans un climat cordial de respect ». La Coop-RH a essaimé à Montréal, où désormais, quelques PME échangent elles aussi leurs employés.

Auteur

  • Ludovic Hirtzmann