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Des marchés… aux humains oubliés du travail

Les clés | À lire | publié le : 11.03.2019 | L. C.

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Des marchés… aux humains oubliés du travail

Crédit photo L. C.

Réédité en poche chez Desclée de Browner, cet essai de l’économiste Pierre-Yves Gomez sur la financiarisation des entreprises et l’invisibilité du travail, paru en 2014, n’a pas pris une ride. Il est à relire alors que la spéculation financière est repartie de plus belle après 2008, selon l’auteur, mais aussi à l’aune de la révolution numérique. Les machines feront-elles disparaître le travail ? L’enseignant y voit surtout un « un discours technocratique » au service des marchés, reléguant à l’arrière-plan les hommes et les femmes. Un problème, car pour lui, le travail « subjectif » reste fondamental, et l’être humain y reste attaché. C’est à ces ravages de « l’économie de la rente » qui nient les salariés – notamment les fonds de pension investissant dans les entreprises – que Pierre-Yves Gomez s’attaque. Implacable, il décrypte ses effets : surenchère d’innovation entre entreprises dans les technologies « spéculatives », « bureaucratie de verre », « organisations devenues irréalistes »… Au passage, l’essai est très critique sur la mode de l’holacratie ou de l’entreprise libérée, qualifiés « de discours obligé après la crise de 2008 ». Pierre-Yves Gomez explore le désengagement des salariés, estimant qu’ils sont gagnés par « l’esprit de rente », y compris chez les jeunes. Certains chercheraient ainsi à accumuler « d’importants revenus » pour quitter au plus vite le monde du travail. Même la quête d’une vie sociale frugale « accélère la constitution d’un patrimoine suffisant pour en vivre, fut-ce modestement ». Un livre pessimiste qui interpelle.

Auteur

  • L. C.