À partir de 2020, 1 000 apprentis par an seront accueillis dans l’un des trois premiers CFA – un en région parisienne, un en Auvergne – Rhône-Alpes et un dans le Sud – que les quatre entreprises envisagent d’ouvrir pour répondre à leurs besoins de cuisiniers. Objectif : proposer aux candidats titulaires d’un CAP cuisine, ou ayant un niveau de fin de troisième, une formation qualifiante, en l’occurrence un bac pro cuisine, et une expérience en entreprise, chacun pouvant choisir le partenaire chez lequel réaliser son alternance. Si la création de ce CFA vise à pallier le manque de professionnels sur un marché en forte tension, les entreprises souhaitent également, par leur implication directe dans la formation de leurs futures recrues, avoir la possibilité de faire évoluer le cursus existant en y intégrant, par exemple, des modules centrés sur les compétences comportementales. « Notre valeur ajoutée est notre expertise dans le domaine de la pédagogie pour adultes », résume Anna Notarianni, présidente France de Sodexo. Les quatre partenaires disposent en effet d’académies et de centres de formation internes, qui accompagnent déjà la montée en compétences de leurs propres collaborateurs.

Assistant à la présentation de ce projet, Muriel Pénicaud s’est félicitée de cette démarche rendue possible dans le cadre de la loi relative à la liberté de choisir son avenir professionnel, qui assouplit la création des CFA et renforce la place des professionnels invités « à former pour eux, mais aussi pour leur écosystème, afin de répondre au double problème de la pénurie de compétences et du chômage des jeunes », a-t-elle précisé. Pour faciliter le passage à l’acte des employeurs, le ministère a élaboré un guide sur la création de CFA et un autre sur la création de certifications. Des chefs de projet apprentissage ont également été nommés au plus proche du terrain dans les Direccte (Directions régionales des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi). De quoi amplifier les évolutions déjà en cours marquées, par une progression de 7,7 % des apprentis en 2018…

Si le CFA porté par Accor, Adecco, Korian et Sodexo est le premier à associer plusieurs entreprises, d’autres acteurs – à l’image de Schneider Electric, de Safran, d’Arc International et du groupe Nicollin – se sont, eux aussi, lancés dans l’aventure ces derniers mois. Et au moins une dizaine d’autres projets sont aujourd’hui dans les cartons. « Ces entreprises prennent une longueur d’avance », a insisté Muriel Pénicaud. Répondant à une question posée par Generali, la ministre du Travail a précisé les conditions à réunir pour créer de telles structures : répondre à des besoins structurels importants. Si le manque de compétences est ponctuel, les employeurs ont alors plutôt intérêt à signer un accord de partenariat privilégié avec un CFA existant, les deux logiques pouvant d’ailleurs se combiner. Car, entre l’annonce de la création d’un CFA et la sortie de la première promotion d’apprentis, il peut, malgré les nouvelles dispositions réglementaires, s’écouler un certain délai.