logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Sur le terrain

Formation : Ease, pour apprendre à travailler en salle blanche

Sur le terrain | publié le : 04.03.2019 | Mathieu Noyer

Image

Formation : Ease, pour apprendre à travailler en salle blanche

Crédit photo Mathieu Noyer

Unique en Europe, le centre Ease forme au travail dans l’environnement spécifique et contraignant des milieux stériles et aseptisés. Son contenu a été coconstruit avec l’industrie de la santé-pharma, première concernée.

Inutile de chercher un équivalent en Europe à Ease, il n’y en a pas. Ce centre de formation ouvert il y a un peu plus d’un an à Illkirch, en périphérie de Strasbourg, moyennant 27 millions d’euros d’investissements publics et privés, est unique par sa vocation : apprendre à travailler dans le milieu très particulier des salles blanches, qu’il reproduit à taille réelle, d’où son qualificatif d’« usine-école ».

Le sujet est crucial pour l’industrie pharmaceutique. Aussi, elle a été motrice dans la création de cet outil, à travers ses groupes (Novartis, Lilly, Merck…) et son organisation professionnelle Leem (les entreprises du médicament). « Ces sociétés ont dressé le constat que les nouvelles recrues et les salariés en poste étaient insuffisamment aguerris à ce type d’environnement qui revêt un fort enjeu RH : employabilité des personnels, capacité à justifier de la détention des compétences requises lors des audits réglementaires », souligne Constance Perrot, directrice d’Ease, contraction d’European Aseptic and Sterile Environnement Training Center. Les liens tissés localement, par la présence du pôle de compétitivité Alsace Biovalley, ont abouti à implanter le centre à Strasbourg.

Les entreprises ont codéfini le contenu. Inspiré d’un centre américain, le Betec, en Caroline du Nord, celui-ci vise à faire assimiler à 3 000 apprenants par an les « bonnes pratiques de fabrication », l’ensemble de normes d’un process de production dans la santé-pharma. Dans le bâtiment d’Ease, l’apprentissage commence par les vestiaires pour respecter les règles strictes d’habillement, il s’effectue sur des lignes de production (comprimés et gélules, formes liquides, molécules des biotechnologies…), dans des chambres froides, des laboratoires de contrôle ou encore dans les locaux de traitement de l’air.

Très rapidement toutefois, les promoteurs d’Ease – outre les industriels, les collectivités locales et l’université de Strasbourg dont le centre fait partie – ont conclu que le champ d’application pouvait s’élargir à d’autres secteurs : l’agro-alimentaire et la chimie, mais aussi l’aéronautique et l’industrie nucléaire. La formation s’étend en effet à des thèmes plus transversaux, mais toujours en milieu particulier, comme le lean management et l’industrie 4.0 en association avec le Boston Consulting Group. « Elle intéresse tout intervenant dans ces environnements, comme les sociétés de maintenance et les sous-traitants », ajoute Constance Perrot.

En association avec des OF

Ease ne possède pas lui-même l’agrément d’organisme de formation. Il s’associe à des OF, comme les Greta ou l’Ifis (Institut de formation des industries de la santé), qui forment les trois catégories principales de publics que lui-même accueille dans l’usine-école. Les salariés en poste en entreprise suivent une formation continue en vue d’une attestation ou d’un certificat de compétence. Ensuite, les demandeurs d’emploi en parcours de requalification sont sélectionnés par Pôle emploi au moyen notamment de la méthode de recrutement par simulation. Ils s’inscrivent dans des préparations opérationnelles à l’emploi collectives (POEC) ou un parcours de CQP (certificat de qualification professionnelle) comme celui d’opérateur de bioproduction que délivre l’Ifis. Enfin, des lycéens et étudiants y suivent une partie de leur formation initiale.

Ease se situe en quelque sorte à la charnière, explique Constance Perrot : « Les organismes classiques s’occupent de la remise à niveau des stagiaires. Notre propre équipe de 10 personnes peut les former, sur une durée de deux à six jours, aux socles communs du travail en salles blanches, puis les entreprises assurent l’adaptation au poste ». Cette organisation présente l’avantage de limiter l’intervention des tuteurs en entreprise impliquant du temps pris sur leur planning de travail. Dans la phase de démarrage où il se trouve encore, Ease a formé environ 500 personnes depuis son ouverture.

Auteur

  • Mathieu Noyer