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Emploi : Eurêka réinvente l’insertion par l’intérim

Le point sur | publié le : 04.03.2019 | Sophie Massieu

Au sein du groupe La Varappe, les entreprises de travail temporaire, regroupées sous la bannière d’Eurêka, ont fait de l’insertion leur cœur de métier et imaginent de nouveaux outils et partenariats.

Quatre-vingt-dix pour cent. C’est la part des entreprises d’insertion ou de travail temporaire d’insertion qui composent le groupe La Varappe. « Nous avons mis au centre de nos préoccupations un projet social, explique Laurent Laïk, son président. Notre finalité consiste à permettre aux personnes éloignées de l’emploi d’en trouver un. » Pour y parvenir, la cinquantaine d’agences que regroupe Eurêka développe une double stratégie. En direction de ses entreprises clientes d’abord. « Nous voulons les accompagner au-delà du simple respect de leurs clauses d’insertion dans l’obtention des marchés publics, détaille Laurent Laïk. Nous nous positionnons comme un service RH décentralisé. » L’objectif : développer les compétences pour répondre aux besoins de main-d’œuvre et convaincre les entreprises qu’elles doivent considérer l’intérim d’insertion comme un possible sas de recrutement, et non confier des missions rebutantes aux personnes embauchées temporairement par ce canal. « Nous travaillons avec des clients sérieux, prévient Laurent Laïk, quitte, parfois, à en refuser. »

À l’égard des candidats, la stratégie se déploie en trois étapes. En premier lieu, le sourcing. Eurêka estime qu’il faut aller chercher les personnes en difficulté, ne pas attendre qu’elles arrivent d’elles-mêmes ou soient orientées par un service ou une institution. D’où le déploiement de nouveaux partenariats, avec des associations de quartier par exemple, qui complètent les liens avec les associés traditionnels et institutionnels que sont Pôle emploi et les missions locales, par exemple. La deuxième étape consiste à créer les conditions de la réussite des personnes ainsi identifiées, en travaillant avec elles sur des thématiques connexes à l’emploi, comme le logement ou les addictions. Enfin, la professionnalisation couronne le parcours. Ainsi, en 2017, 60 000 heures de formation ont été proposées aux personnes accompagnées par Eurêka. Bâtiment, travaux publics, gestion des déchets, logistique, transports ou médico-social, Eurêka offre des opportunités dans de nombreux secteurs d’activité.

De nouveaux indicateurs pour mesurer l’impact social réel

Résultat : à l’issue de leur parcours de formation, 80 % des personnes ont décroché un CDD, un contrat de professionnalisation de plus de trois mois ou un CDI. « C’est bien, commente Laurent Laïk. Mais le critère de sortie positive ne dit pas tout. Je pourrais afficher un taux de 100 % sans être certain d’avoir un impact social réellement positif. Si tout le monde travaille en effet en sortant d’Eurêka, mais qu’au bout de six mois, il faut tout recommencer, c’est un échec. » Alors, pour être certaine de réellement favoriser l’insertion des personnes accompagnées, Eurêka développe trois indicateurs supplémentaires. Le premier dénombre les formations qualifiantes suivies par les intérimaires. Le deuxième décompte les heures de mission qui leur ont été confiées pendant leur parcours d’insertion. Actuellement, pour atteindre un équivalent temps plein (1 600 heures en intérim), Eurêka a mobilisé quatre intérimaires. L’objectif fixé : descendre à trois, pour que chacun ait travaillé davantage. « Avant de mettre en place cet indicateur, nous étions à cinq par ETP, précise Laurent Laïk. C’est donc un outil très qualitatif. » Le troisième indicateur doit suivre la résolution des préoccupations d’ordre social, le soutien en cas d’addiction par exemple. « Tout cela pour mesurer la performance sociale de notre entreprise, qui se développe à côté de sa performance économique », conclut Laurent Laïk.

Auteur

  • Sophie Massieu