Victime d’un burn-out, Aude Selly partage dans ce livre les clés de son chemin de reconstruction, qui l’amènera à changer de métier. Un témoignage utile pour ceux qui ont vécu cette épreuve, mais aussi pour les DRH. Ex-RH dans la grande distribution, Aude Selly s’est fait connaître des médias et du grand public en témoignant de son burn-out en 2012, dans son livre Quand le travail tue. Après plusieurs ouvrages sur ce sujet brûlant, la voici de retour avec un nouveau livre optimiste sur « la vie après un burn-out ». Un récit intimiste, où la jeune femme, devenue aujourd’hui consultante en risques psychosociaux, retrace son chemin « de guérison et de reconversion » et livre des clés pour aider les victimes à retrouver un sens à leur vie professionnelle après une telle épreuve. Changer de voie est souvent le moyen de tourner la page, affirme l’auteure, car « il est clairement impossible de revenir dans une entreprise qui nous a fait tant souffrir ».

Ses conseils simples, tirés de son histoire courageuse, sonnent souvent juste : Aude Selly invite à écouter son intuition en s’appuyant sur « les moments où l’on se sent heureux, en sécurité » pour trouver une nouvelle voie professionnelle. À mieux se connaître mais aussi à « savoir dire non » lors d’un entretien d’embauche, si l’ambiance de l’entreprise n’inspire rien de bon… Si un burn-out laisse « des séquelles », l’auteur croit à l’importance des rencontres « qui font tilt », à la pensée positive et à la force des émotions, véritable « GPS » pour guider sa réflexion professionnelle.

L’auteur interpelle aussi les DRH devenus ses clients à sortir du déni. « La majorité des victimes d’un burn-out n’ont pas de problèmes psychologiques », affirme-t-elle. Et les RH attendent trop souvent « qu’il y ait eu de la casse » pour se préoccuper du problème. Si la consultante promeut trop sa méthode (libérer la parole, écouter le salarié en souffrance, questionner les managers sur la surcharge de travail), elle aborde avec franchise « la défiance » qui s’est installée entre les DRH et les salariés, illustrée par le témoignage d’un cadre du marketing « qui a fini par craquer » à la suite d’une réduction d’effectifs « sans réponse de sa hiérarchie et des DRH ». L’auteure interroge ce silence des ressources humaines face à des cas alarmants d’épuisement professionnel. Aude Selly ne fustige pas les RH, évoquant « leur manque de latitude pour agir ». Il n’empêche : selon elle, « le seul moyen de réconcilier les travailleurs avec l’intérêt et la valeur ajoutée des RH est d’assurer un travail de proximité. La profession doit se défaire du procès, parfois légitime, d’être simplement le bras armé de l’employeur ». Candide ? Ce récit d’une lente reconstruction montre en tout cas que l’épuisement au travail est un enjeu de santé très sérieux…