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Négociations : un scenario imprévisible à la Macif

Le point sur | publié le : 25.02.2019 | G. S. M.

Les NAO 2019 vont-elles marquer une inflexion dans les politiques salariales, qui ont donne depuis 2008 la priorité aux augmentations individuelles ? Celles menées à la Macif montrent en tout cas la difficulté croissante de l’exercice.

Les NAO ont parfois un déroulement inattendu et heurté. Celles de la Macif ont largement débordé du cadre habituel. Le 28 janvier, des centaines de salariés ont manifesté devant le siège de la mutuelle, à Niort, à l’appel de la CGT, de la CFDT, de FO et de la CFE-CGC. Une réaction qui tient à une conjonction inhabituelle de facteurs qui n’ont pourtant rien d’exceptionnel. Le début du processus aurait pourtant dû alerter : « À l’ouverture des NAO, début janvier, il nous a été proposé une augmentation générale de… 0 % !, rappelle Mathieu Cornillaud, élu du CCE et délégué syndical FO du Pôle Nord-Ouest du groupe Macif. La prime Macron a été présentée comme un élément de rémunération, la proposition de la direction étant de 400 euros pour les salariés ayant une rémunération inférieure à 25 000 euros bruts. »

Sauf que… la semaine du 21 janvier, un article du Canard enchaîné affirmait que le conseil d’administration de la Macif avait voté en décembre une revalorisation de l’indemnisation annuelle du président du groupe, Alain Montarant, la portant à 260 000 €, soit une progression de 62,5 % par rapport au montant précédent. Conscient de l’effet potentiellement déstabilisant de cette révélation, le président de la Macif publiait un communiqué indiquant que le conseil d’administration « assume totalement ses décisions » et listant les facteurs qui ont conduit à la révision de son indemnisation.

L’impact du nouveau modèle social

Ce contre-feu n’a pas vraiment eu l’effet escompté. La hausse de la rémunération d’Alain Montarant a d’autant plus surpris les salariés que depuis le 1er janvier s’appliquent des accords instituant un « nouveau modèle social ». Signés en mars 2018 par la CGC et la CFDT, ils instituent notamment une nouvelle durée hebdomadaire de travail (35 heures au lieu de 31 h 30), ce changement pouvant être compensé, au choix, par une contrepartie financière ou des jours de repos compensatoires. Parmi les organisations non signataires, FO a déploré « la baisse du nombre de jours d’absence en cas d’enfant malade ou la baisse de 35 ans à 20 ans de la durée pendant laquelle est accordée une augmentation automatique due à l’ancienneté » ainsi que « des rémunérations brutes inférieures à celles qui existaient depuis la mise en place du nouveau contrat social qui a commencé à être appliqué le 1er janvier 2007 ». Pour Mathieu Cornillaud, ce « nouveau modèle social » « a été fait pour réduire les salaires ».

Parmi les syndicats signataires, la CFDT estime que ces accords ont été conclus « dans un état d’esprit de confiance » mais que leur « application […] se fait de façon extrêmement stricte », explique Priscilla Colin, déléguée syndicale CFDT : « Pour ce qui est des jours de repos compensatoire, dans certains services, aucun n’est laissé à l’initiative des salariés. » Tardive, la consultation organisée en octobre 2018 pour connaître les préférences des salariés (choix de la compensation financière ou des jours de repos compensatoires) n’a pas éteint tous les foyers de tension.

Après le mouvement de grève du 28 janvier, les NAO ont changé d’horizon. Selon plusieurs syndicats, la direction a alors proposé une augmentation générale de 1,4 %. Si la CFDT a estimé qu’il s’agissait d’un « objectif acceptable », elle n’a rallié aucune autre organisation à son point de vue. Ces NAO 2019 se sont donc conclues sans aucune signature d’organisation syndicale. La Macif a dû se résoudre à une décision unilatérale, concluant les négociations par une augmentation générale de 1,4 % et une enveloppe de 0,5 % pour les augmentations individuelles, ainsi qu’un complément d’intéressement à hauteur de 1 100 euros bruts.

Une prime « Macron » est également prévue dont les montants varient selon la rémunération annuelle brute : 500 euros net pour les salarié(e)s percevant moins de 30 000 euros ; 350 euros net pour ceux percevant entre 30 000 et 48 000 euros. Les NAO 2019 de la Macif soulignent en tout cas la sensibilité croissante des salariés à la question des rémunérations.

Auteur

  • G. S. M.