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Le fait de la semaine

RSE : Les entreprises adoptent « l’aidant attitude »

Le fait de la semaine | publié le : 18.02.2019 | Lys Zohin

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RSE : Les entreprises adoptent « l’aidant attitude »

Crédit photo Lys Zohin

Les entreprises ont élargi la journée mondiale des malades, le 11 février, aux aidants. Accompagnement psychologique, congés supplémentaires, mise en place de dispositifs de dons de jours de collaborateurs en leur faveur : les contraintes de la solidarité familiale sont de mieux en mieux prises en compte par les DRH.

Créée en 1992 par le pape Jean-Paul II et célébrée cette année le 11 février, la journée mondiale des malades a, depuis quelques années, trouvé des relais inédits : les entreprises. Par l’entremise de leurs collaborateurs, ces dernières ont été sensibilisées et au problème de malades et à celui des salariés aidants. D’autant qu’à mesure que la population vieillit, le phénomène se développe – au point que la moitié de ceux qui accompagnent des proches malades ou dépendants au quotidien travaillent. À cet égard, le chiffre de plus de huit millions d’aidants en France, calculé après une enquête de la DREES de 2008, est passé à onze millions, soit un Français sur six, selon le Baromètre 2017 de la Fondation April et BVA. Il s’agit donc, pour les employeurs, de s’assurer que les collaborateurs qui doivent faire face à une telle situation puissent concilier travail et obligations familiales. Pour le bien des salariés mais aussi de l’entreprise. Sous la forme de stress, de manque de concentration, de retard, d’absentéisme, les répercussions de cette situation sont en effet nombreuses et dommageables pour les deux parties.

Au-delà du congé de solidarité familiale, prévu par le Code du travail, qui permet au salarié de s’absenter pour assister, sous conditions, un proche en fin de vie (congé qui débute à l’initiative du salarié et peut être pris de manière continue ou fractionnée, ou transformé en période d’activité à temps partiel), le congé de proche aidant (CPA), créé par la loi d’Adaptation de la société au vieillissement de 2015, permet à un aidant ayant une activité professionnelle d’accompagner un proche, avec des conditions de travail réajustées. Ces congés sont prévus pour une durée initiale de trois mois, avec reconduction possible, mais pour une durée limitée, et accessibles sous conditions (ancienneté, lien familial ou étroit avec la personne aidée, résidence en France de la personne aidée). Enfin, pour l’heure en tout cas, ces congés ne sont pas rémunérés par l’employeur (sauf dispositions conventionnelles ou collectives le prévoyant, comme c’est le cas, par exemple, de Pro BTP – voir par ailleurs).

Mieux disant

Car rien n’empêche les entreprises de faire plus. La rémunération n’est pas la seule initiative prise. Ainsi, Orangina Suntory France a adhéré au service « Responsage », qui permet aux aidants de bénéficier d’une aide confidentielle et personnalisée d’experts les orientant dans des démarches allant des aides financières à des services à domicile. En outre, les partenaires sociaux d’Orangina Suntory France ont mis en place un système solidaire de dons de congés en faveur des salariés chargés de veiller sur un enfant de moins de 20 ans atteint d’une maladie, d’un handicap ou victime d’un accident grave. De même, le groupe de protection sociale Klesia a initié plusieurs dispositifs visant à soulager le quotidien des aidants dans ses entreprises cotisantes.

Méconnaissance

Les entreprises ont donc parcouru du chemin, par rapport à ce que laissait apparaître l’étude de Malakoff Médéric de 2017. Elle concluait que si de plus en plus de salariés s’occupent d’un proche dépendant ou malade, « la réalité du fait aidant reste, à cette date, largement méconnue, sinon invisible ». Ainsi, seules 31 % des entreprises interrogées pour l’étude de 2017 étaient capables d’estimer le nombre de salariés aidants parmi leur personnel. En outre, « la plupart des entreprises (52 %) apportent une aide informelle et dérogatoire (autorisation d’absence, de télétravail) et seules 15 % considèrent le sujet comme un thème devant être abordé et travaillé par l’entreprise », regrettait Malakoff Médéric. Enfin, 39 % des salariés interrogés déclaraient ignorer l’existence des congés spécifiques prévus par le Code du travail. Conséquence, un trop grand nombre (67 %) se tourne encore vers les dispositifs classiques (congés payés, RTT…), selon Malakoff Médéric. Charge aux RH de communiquer sur les nouveaux dispositifs qu’elles mettent et mettront en place.

Auteur

  • Lys Zohin