Malgré le poids de l’industrie ferroviaire et la place du train dans le quotidien des Français, aucune filière éducative n’est orientée vers ce domaine. « Il y a une inadéquation entre la formation initiale et les besoins des entreprises. Aucune filière initiale aujourd’hui ne forme aux métiers du ferroviaire », confirme Patrick Jeantet, PDG de SNCF Réseau. Avec ses 53 000 salariés (lire encadré), cette filiale dispose donc de son propre système de formation et s’apprête à le revoir de fond en comble.

Une transformation qui tient à des facteurs externes – digitalisation des métiers, mutations technologiques du réseau ferroviaire –, mais aussi internes comme l’intégration chaque année de plus de 2 000 nouveaux collaborateurs, de même que la nécessité d’augmenter leur polyvalence pour faciliter leur mobilité interne et assurer leur employabilité.

Cette refonte majeure va passer par la création d’une Université des métiers, à laquelle SNCF Réseau va consacrer 90 millions d’euros. Cette structure s’appuiera sur trois centres. Le premier, situé à Nanterre et déjà en activité, sera modernisé avant 2020. Les deux autres sont en projet. Implantés à Bordeaux et à Lille, ils devraient être opérationnels d’ici début 2022. « Ces campus seront équipés de plateaux techniques incluant les technologies du futur, de nouvelles modalités pédagogiques, et offriront un système « tout en un » avec formation, hébergement et restauration », détaille Patrick Jeantet. À terme, ces trois établissements devraient dispenser 60 % des stages que les salariés suivent chaque année en centre de formation.

Le poids relatif des formations initiales dans le dispositif va être réduit. Actuellement, leur durée peut s’étaler de 12 à 18 mois dans les métiers techniques comme la signalisation. SNCF Réseau s’est engagée dans une démarche de rénovation de ces cursus, plus particulièrement pour la soixantaine que suivent les nouveaux arrivants.

« L’objectif est de réduire la durée des formations initiales et d’augmenter le nombre de celles dispensées au fil de la carrière pour suivre l’évolution de plus en plus rapide des technologies », explique Patrick Jeantet.

L’évolution du système de formation va aussi demander l’adoption d’une nouvelle méthodologie.

« Nous sommes en phase de refonte pour passer d’un système basé sur les connaissances à un autre reposant sur les compétences », explique Georges Ichkanian, directeur général adjoint des ressources humaines. Cette nouvelle perspective passe par l’introduction de méthodes pédagogiques innovantes : « Le partage des pratiques, les nouvelles modalités pédagogiques de la formation telles que les communautés apprenantes, les serious games, les vidéos, les simulateurs ou la formation terrain encadrée sont bien plus efficaces que les méthodes de formation traditionnelles », ajoute-t-il. Les compétences des métiers de la maintenance et des travaux ont été analysées en amont afin de développer des formations par modules qui pourront être suivis tout au long d’une carrière.

Enfin, une place plus importante va être accordée au distanciel. La montée en puissance prévue sera rapide. Fin 2021, un tiers des formations initiales seront en partie ou totalement dispensées à distance.

Née en 2015 du regroupement de Réseau ferré de France (RFF), SNCF infra et de la Direction de la circulation ferroviaire (DCF), cette structure est chargée, notamment, de la circulation ferroviaire, de la maintenance et des travaux sur l’infrastructure ferroviaire, de l’ingénierie et de la gestion des circulations. Ses 53 000 salariés (ETP) exercent 160 métiers différents. SNCF Réseau consacre 7,5 % de sa masse salariale à la formation. En moyenne, 80 % des effectifs suivent l’un des 122 000 stages dispensés chaque année, dont 70 000 dans des centres de formation où travaillent 600 formateurs.