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Les clés

Faut-il changer de modèle social pour le XXIe siècle ?

Les clés | À lire | publié le : 11.02.2019 | Lydie Colders

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Faut-il changer de modèle social pour le XXIe siècle ?

Crédit photo Lydie Colders

Les inégalités mondiales dues au capitalisme financier ne peuvent plus durer, estiment des chercheurs de tous pays dans ce manifeste « pour la justice sociale ». Un livre politique, qui appelle à « démocratiser » le fonctionnement des entreprises. Peut-on mettre un frein aux inégalités liées à la mondialisation et en finir avec le capitalisme financier ? Face aux crises économiques et à la menace du changement climatique, ce manifeste de chercheurs internationaux, membres du Panel international sur le progrès social (Pips), appelle à repenser une société plus « juste » pour le XXIe siècle : « La piètre performance des gouvernements ne peut plus durer : les échecs institutionnels et les problèmes de gouvernance sont partout, dans le secteur privé comme dans le secteur public », assènent les auteurs, économistes et sociologues. Le livre, récemment traduit en France (préfacé par l’économiste indien Armatya Sen), s’aligne sur les objectifs de développement durable des Nations-Unis pour 2030 (équité, durabilité) pour proposer un autre modèle économique et social. Une vision plutôt social-libérale, structurée autour de deux idées : non pas abolir le capitalisme mais en réguler les excès et réformer les institutions (marchés, entreprises, politiques de protection sociale). Vaste propos, plus ou moins approfondi selon les chapitres. Ce plaidoyer intègre néanmoins une idée dans l’air du temps : pour les auteurs, l’un des enjeux sera de redonner aux salariés ou aux citoyens un réel pouvoir démocratique : « Nous avons besoin d’un mouvement venant de la base de la société », proclament-ils. Y compris en encourageant des initiatives locales, dans la lignée de l’économie sociale et solidaire. Pour en finir avec le capitalisme financier, le collectif du Pips appelle notamment « à repenser la finalité de l’entreprise et à transformer la gouvernance », en intégrant « les parties prenantes dans les conseils d’administration, travailleurs, fournisseurs et communautés locales ». Une façon pour eux de rééquilibrer les pouvoirs, les salariés ayant ainsi droit de vote au même titre que les actionnaires. Mais il faudrait aller plus loin, « en inscrivant les intérêts des parties prenantes ou même, sur certains sujets, l’intérêt général au cœur de la firme », ajoutent-ils. Aux gouvernements donc de légiférer en conséquence… car la RSE des grands groupes, trop dépendante du bon vouloir des dirigeants, est jugée « incapable de fournir une solution viable face aux défis rencontrés dans nos sociétés ». Si le propos est parfois déroutant (les chercheurs semblent plutôt partisans de droits sociaux de base rattachés à l’individu comme filet de sécurité), ce manifeste reste une réflexion stimulante pour repenser la philosophie même de l’entreprise.

Auteur

  • Lydie Colders