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Formation : La Cour des comptes envisage la fermeture de l’Afpa

L’actualité | publié le : 11.02.2019 | Benjamin D’Alguerre

L’Afpa est au pied du mur. Face à son déficit chronique, le rapport annuel de la Cour des comptes recommande un redressement drastique… ou sa disparition.

« Soit l’Afpa évolue en profondeur en tirant toutes les leçons de la baisse de son activité, soit elle est vouée à disparaître. » L’avertissement adressé par la Cour des comptes à l’Agence française pour la formation des adultes est sans appel. Dans leur rapport annuel rendu le 6 février 2019, les sages de la rue Cambon préviennent : l’avenir de l’Afpa est conditionné à « une restructuration de grande ampleur », laquelle doit être engagée « sans délai, avec l’appui exigeant de l’État ». Si la Cour salue les résultats de l’Agence dans son activité de formation (145 000 stagiaires accueillis chaque année, un taux de réussite de 80 % et une intégration dans l’emploi à 6 mois de 66 %), elle pointe du doigt le déficit chronique accumulé depuis dix ans (886,3 millions de 2013 à 2017) et le caractère « massif et discutable » des aides financières que l’État a accordé à l’établissement durant le quinquennat Hollande. 150 millions d’euros de rééchelonnement ou d’étalement de dettes, 200 millions de souscriptions obligataires en 2013-2015), 163 millions de « subventions exceptionnelles » entre 2016 et 2018). À quoi s’ajoute une dette immobilière qui a crevé le plafond depuis que l’Afpa a récupéré la propriété de son patrimoine en 2015.

« Bercy a pris la main sur le dossier »

Dans ces conditions, les recommandations de la Cour des comptes tombent comme un couperet : soit l’Afpa assume totalement les mesures du plan de transformation actuellement mis en place par sa direction (1 541 postes supprimés, 38 sites fermés), soit elle revoit son modèle économique pour s’adapter à un marché dans lequel ses parts devraient encore diminuer, soit… l’État envisage la fermeture définitive de l’établissement ! « Il est désormais clairement écrit que la fermeture de l’Afpa est envisagée si elle n’est pas au rendez-vous des objectifs économiques fixés. Et dans l’état actuel, rien ne dit qu’ils pourront l’être en 2020 », se désole Yann Cherec, secrétaire général de la CGT Afpa. Qui dénonce par ailleurs l’absence du ministère du Travail lors des auditions de la Cour. « C’est ubuesque. On sent que Bercy a pris seul la main sur le dossier. Le ministère du Travail ne s’est pas exprimé pour défendre l’utilité sociale de son outil. » À l’inverse, la CFE-CGC, seule organisation syndicale à soutenir le plan de transformation, appelle, depuis trois ans déjà, à la mise en place d’un « plan Marshall et patrimonial » pour l’Agence. Un plan de la dernière chance selon André Thomas, président du SNPEA, le syndicat CFE-CGC de l’Afpa : « L’État a le choix simple d’investir 200 à 250 millions d’euros dans des mesures fortes de transformation de l’Afpa ou de perdre 4 à 5 fois plus dans le cadre de la fermeture de cet établissement public ».

Auteur

  • Benjamin D’Alguerre