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Le fait de la semaine

Formation : Opco : dernière ligne droite pour les agréments

Le fait de la semaine | publié le : 04.02.2019 | Benjamin d’Alguerre

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Formation : Opco : dernière ligne droite pour les agréments

Crédit photo Benjamin d’Alguerre

Ils étaient 20 Opca sur la ligne de départ, ils ne seront que 11 – voire 10 – Opco à l’arrivée. Sur les 13 dossiers de demande d’agrément parvenus au ministère du Travail avant le 31 décembre 2018, 9 sont jugés valides et 4 retoqués. Les branches qui ont désigné ces derniers sont priées de repartir en négociation pour revoir leur copie d’ici avril. Mais derrière les questions de périmètre se cache la question du leadership patronal sur les futurs opérateurs de compétences.

Dans l’entourage de Muriel Pénicaud, on peine à réprimer une pointe d’agacement. « Il existe encore beaucoup de mandataires d’Opca qui n’ont pas compris la logique de la réforme et imaginent que les opérateurs de compétences de demain seront encore des instruments de pouvoir, d’influence et de rayonnement syndicaux et patronaux. Ce n’est plus le cas : le pouvoir politique est transféré aux branches et les Opco ne seront que leurs outils », soupire un proche de la ministre du Travail. Cause de cette irritation ? Les 4 dossiers d’agrément des futurs Opco (sur 13) que la rue de Grenelle a choisi d’invalider, faute d’accord constitutif en bonne et due forme ou de périmètre cohérent sur les secteurs adhérents. Des dossiers cependant sensibles, car c’est autour d’eux que se déchirent Medef, CPME et U2P. Les deux premières n’ont pas renoncé à « leur » opérateur de compétences malgré la disparition des interpros et la troisième aimerait enfin bénéficier du sien.

Côté Medef, les services de l’ex-interbranches Opcalia ont planché ces derniers mois autour d’un « Opco à forte densité de main-d’œuvre » (baptisé Wellcom) où se retrouveraient à la fois les branches relevant des anciens Fafih (hôtellerie, restauration, tourisme) et Intergros (grossistes), mais aussi des secteurs plus divers comme le funéraire ou l’énergie, tout en lorgnant vers les branches du travail temporaire, de la propreté et de la sécurité privée pour pouvoir prétendre à occuper l’espace du onzième Opco identifié dans le rapport Marx Bagorski. Problème : dans leur immense majorité, les organisations syndicales et patronales de ces trois derniers secteurs ont choisi de faire cavalier seul en montant leur propre structure à partir du FAF.TT, l’organisme du travail temporaire.

Une autre bataille, mais autour des services de proximité (Opco 10), confronte la CPME et l’U2P. La confédération a réussi à fédérer une trentaine de branches autour d’un projet porté par Agefos PME, son Opca interprofessionnel, malgré un souci de cohérence de champ (La Poste y côtoie des secteurs comme la dératisation ou l’enseignement privé hors contrat), là où l’Union des artisans et des professions libérales a rallié une vingtaine de branches au projet porté par l’Opco PEPS, construit à partir d’Actalians.

Dernière chance de trouver un accord

Le 23 janvier, ministère du Travail et DGEFP ont sommé les organisations sociales concernées de reprendre le chemin des négociations pour trouver des solutions pour les Opco 10 et 11. Car si la rue de Grenelle reconnaît l’incohérence des champs couverts par les deux ex-interpros, elle ne souhaite pas pour autant contribuer à sacrifier leurs précieux réseaux régionaux. Aux partenaires sociaux d’enterrer la hache de guerre pour réaliser des mariages forcés satisfaisants dans un délai de deux mois. Les discussions s’engagent cependant dans un contexte tendu. Non seulement entre la CPME et l’U2P, à couteaux tirés après que la première a ravi la présidence du CPSTI (ex-RSI) à la seconde début janvier, mais aussi entre le Medef et les branches de la propreté, de l’intérim et de la sécurité privée. « Les Opco sont des outils de branches, c’est donc avec les branches que nous négocierons, mais pas avec le Medef en tant que tel ! », tonne Patrick Tuphé, vice-président de Prism’Emploi, la fédération du travail temporaire. L’implication directe de l’avenue Bosquet dans la constitution de Wellcom incite aussi des fédérations qui y étaient d’abord favorables à s’en éloigner pour d’autres Opco, à l’image du Synofdes (organismes de formation de l’ESS) désormais tenté de rejoindre l’opérateur de la cohésion sociale. Le ministère ne sera pas en reste pour redistribuer les cartes de ces « faux interpros », estimant que des branches telles que la bijouterie, les grossistes ou le textile, qui avaient initialement choisi l’ancien Opcalia, ont vocation à rejoindre Opca2i (industrie). « Aucun Opco sans cohérence de champ ne sera agréé. C’est leur dernière chance de trouver un accord », lâche un conseiller de Muriel Pénicaud.

Derniers ajustements

Pour autant, le ministère veut aussi voir le verre à moitié plein, à savoir les 9 opérateurs de compétences en conformité qui pourraient se voir agréés « dans les prochaines semaines ». « 85 % à 90 % du paysage est stabilisé », note l’entourage de la ministre. Des ajustements restent cependant encore à faire et certains choix de branches sont renvoyés à négociation. Les pharmaciens d’officine de l’USPO seraient ainsi incités à quitter le champ de l’Opco Santé pour rejoindre leurs confrères libéraux chez PEPS. Le Crédit agricole et Groupama, qui ont tenu à rester dans le champ agro-alimentaire, seront amenés à justifier ce choix, sans quoi il leur sera signifié d’aller frapper à la porte des « services à haute valeur ajoutée » où sont déjà les banques et les assurances. Reste le cas plus problématique des Opco de la santé et de la cohésion sociale dont les accords d’agrément ont été contestés par plusieurs organisations syndicales. Leur fusion, à terme, n’est pas impossible, selon le ministère. Si tel devait être le cas, les Opco se retrouveraient à 10 dans le paysage social. Soit très exactement moitié moins que les Opca d’hier.

Auteur

  • Benjamin d’Alguerre