est plutôt de se raconter. Sur les réseaux sociaux, dans des vidéos à destination de ses amis, dans des selfies, il est de bon ton de partager ce que l’on fait. En devenant reporter de sa propre vie, une journée se transforme en une succession de moments saisis sur le vif. Au travail, le mouvement gagne du terrain aussi : il faut parler de soi, pitcher son histoire, se dévoiler.

également et n’hésitent pas à poser aux candidats des questions personnelles sur ce qui les anime, ce qui définit leur raison d’être, et ce qui les freine intérieurement. Que devient l’intimité dans tout ça ? Nous reste-t-il un jardin secret ? C’est une tendance, bien sûr, mais à surveiller. Car parfois le discernement s’étiole…

les merveilles de l’aléatoire font coexister sur une même page de navigateur une vidéo de chatons et les dernières images envoyées d’un front de guerre. On clique, on surfe d’un sujet à l’autre. Nous sommes à la fenêtre du monde, sans être trop impliqués. Nous envoyons des textos pour gagner du temps et ne pas déranger l’autre, mais cela peut devenir un piège, quand cette habitude permet l’économie de la relation, du vrai dialogue où l’on rencontre l’autre, où l’on s’engage, où l’on se confronte à l’altérité. J’envoie mon point de vue, il me renvoie le sien, c’est cool. Il faudrait pouvoir nourrir à la fois la profondeur de la relation et la facilité des échanges.

notre temps se ramène finalement à une succession d’instants. Notre épaisseur de vie aussi. Dans tous ces messages, que dit-on vraiment d’essentiel ? Une photo ici, une vidéo là, même le plat que l’on déguste au restaurant devient un sujet de partage. Les extravertis adorent, les introvertis se bousculent un peu pour rester dans la dynamique de leurs amis. Récemment sur Twitter, un américain prévenait sa communauté de followers qu’il ne serait pas très actif dans les prochains jours car un de ses proches venait de décéder. Il s’excusait déjà d’un silence de 48 heures !

Jamais les personnes n’ont eu autant de questionnements sur le sens de leur vie, leur motivation profonde, leur chemin personnel, la raison d’être qui les anime. Parce que nous avons perdu l’intimité avec nous-même. Nous ne savons plus nous poser 5 minutes et encore moins réfléchir seuls.

l’intériorité est comme l’inspiration dans une respiration, elle est vitale. On ne peut pas fonctionner sans cesse en expiration, en racontant sa vie, en s’agitant, en diffusant son énergie à l’extérieur. L’intériorité se cultive. Elle a besoin de calme, de maturation, de non-action. Avez-vous remarqué le nombre de personnes attirées par les pratiques de méditation et de mindfulness ? Comme si nous avions besoin de retrouver un espace personnel.

garder un certain « jardin secret » sur des choses intimes de sa vie donne de la profondeur et préserve son énergie. En ne diffusant pas tout, il en reste pour se nourrir et pour grandir. Partager sans discernement et dans l’immédiateté ne permet pas cette croissance. Savoir s’intérioriser et entretenir son jardin secret sont des secrets de l’équilibre. Ne l’oublions pas.