En partenariat avec une start-up, Keycoopt, qui a développé une plateforme dédiée à la cooptation, le groupe a, en moins de trois mois, déjà embauché six collaborateurs via cet outil, et compte l’utiliser pour développer l’engagement de ses salariés et sa marque employeur.
Un millier. C’est le nombre de recrutements effectués chaque année depuis deux ans par Spie Batignolles. En 2019, la courbe ne devrait pas s’infléchir. Pas simple sur un marché de l’emploi dans les bâtiments et travaux publics en tension : « Notre vivier se tarit, et les écoles d’ingénieurs ou les formations techniques ne diplôment pas suffisamment de personnes », explique Virginie Flore, directrice du développement RH. Au premier rang des fonctions en pénurie : les profils seniors, les métiers opérationnels, la conduite de travaux ou l’étude de prix notamment. Dès lors, note Virginie Flore, pour recruter, il faut sans cesse innover. Dernière nouveauté chez Spie Batignolles : le recours à une plateforme de cooptation, Coopt’on, mise en place en octobre 2018 dans plusieurs de ses entités. L’application a été développée par une start-up, Keycoopt, qui met son logiciel à disposition de ses clients, en location et en mode SaaS (software as a service). Le principe : pour chaque offre d’emploi qui lui est soumise, la plateforme envoie un e-mail aux collaborateurs inscrits affichant des profils proches, qui pourraient recommander une de leurs connaissances.
« Ce système peut permettre de dénicher des pépites, de cibler des personnes qui ne sont pas actives en matière de recherche d’emploi et ne se trouvent pas sur les réseaux traditionnels, détaille Virginie Flore. Si elles ne sont pas interpellées par quelqu’un de leur entourage, ces personnes-là ne répondent plus aux offres d’emploi. » Dans un jeu de gagnant-gagnant, le collaborateur qui permet un recrutement par cooptation obtient des bons cadeaux.
« Il ne suffit pas d’avoir l’outil, prévient Virginie Flore. Il faut développer des opérations de communication autour. » Elle-même prévoit de réaliser des portraits vidéos des nouvelles recrues intégrées de cette façon, ou de proposer un jeu autour de la plateforme.
La cooptation par les voies numériques offre donc un bouche-à-oreille revisité et démultiplié : « Nous n’avons pas inventé la cooptation, comme Blablacar n’a pas créé le covoiturage. Mais Keycoopt permet d’industrialiser un processus qui existait sur le plan artisanal, explique son fondateur, Antoine Perruchot. Et permet de réaliser de la cooptation à grande échelle et pour chaque poste. »
Avec un certain succès, semble-t-il. En moins de trois mois, Spie Batignolles a réalisé six recrutements via cette plateforme. Si Virginie Flore ne sait pas encore évaluer la part des recrutements qui sera effectuée par le biais de la cooptation, elle se réjouit déjà que 30 % à 40 % des collaborateurs se soient inscrits sur la plateforme. À ses yeux, ce mode de recrutement diminue le taux d’échec, car il repose sur une double préqualification : du candidat et de l’entreprise. « Un collaborateur qui penserait que telle de ses connaissances ne s’accoutumera pas à la culture d’entreprise ne le présentera pas. » Outre le recrutement, la cooptation valorise la marque employeur et matérialise autant qu’il développe l’engagement de ses collaborateurs. Enfin, une telle plateforme peut favoriser les mobilités internes. Un collaborateur qui reçoit une annonce par ce biais peut lui-même candidater ou… recommander un collègue en interne ! Ce qui s’est déjà produit au sein des équipes de Spie Batignolles.
• Spie Batignolles compte 7 500 collaborateurs, répartis sur 140 implantations.
• Keycoopt dispose de 30 salariés et revendique, aujourd’hui, entre autres, 45 clients grands comptes.