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Sur le terrain

Recrutement : Marle délocalise ses fonctions supports à Lyon

Sur le terrain | publié le : 07.01.2019 | Lucie Tanneau

Installé en Haute-Marne, Marle peinait à attirer des cadres. Le prothésiste s’est donc résolu à ouvrir un bureau à Lyon pour ses fonctions supports. Cette nouvelle organisation entraîne des ajustements au quotidien.

« Un mal de tête permanent. » Pour Antonio Gil, directeur général de l’entreprise Marle, le recrutement est plus qu’une problématique. Le leader européen des prothèses orthopédiques, dont les clients se trouvent dans le monde entier, affiche une croissance spectaculaire avec un chiffre d’affaires de 85 millions d’euros l’an dernier, à 106 millions d’euros cette année. L’affiche est belle, pourtant les candidats ne se bousculent pas au portillon. En cause : l’implantation de l’entreprise, à Nogent, en Haute-Marne.

« En 2016, je cherchais un directeur financier, un directeur achats et un DRH », raconte le DG. Les candidats, en entretien, paraissent emballés par le groupe et le secteur d’activité, mais refusent. « Nogent, pour eux, ce n’était pas possible », regrette-il, assurant pourtant que la région est belle et qu’on « y vit bien ». Malgré la montée en compétences du département, qui fabrique aujourd’hui 30 % à 35 % des prothèses médicales vendues dans le monde, le territoire n’attire pas les cadres. L’ancien directeur financier du groupe, célibataire, a déserté le poste deux ans plus tôt, faute de se constituer un réseau de connaissances sur place. « Et quand les prétendants viennent en week-end avec Monsieur ou Madame pour voir, le conjoint ne veut pas suivre », complète Antonio Gil, désarçonné.

« Je voulais baser ces recrutements à Nogent, le plus gros site du groupe, mais au bout de 12 mois sans succès, j’ai décidé d’ouvrir un bureau à Lyon », explique-t-il.

Rester en contact avec le terrain

Depuis juin 2017, neuf personnes ont été recrutées sur le site. Avec beaucoup plus de facilité. Les fonctions supports ne sont donc plus à proximité de la production et des 670 salariés du groupe répartis sur plusieurs villes de France. « Ma plus grande crainte était qu’il y ait une déconnexion entre les deux, qu’ils soient avec leurs compétences dans leur tour d’argent (la tour de la Part-Dieu à Lyon), loin des usines et de la réalité. Mais, pour le moment, ça se passe bien : ils vont régulièrement sur les sites, et restent en contact avec le terrain », nuance le DG, plutôt satisfait après un an de fonctionnement délocalisé.

Le directeur qualité, un Lyonnais, a aussi rejoint le nouveau bureau.

« Je sentais qu’en le gardant à Nogent j’allais le perdre », justifie le DG. Au quotidien, ce nouveau système demande quelques ajustements. Beaucoup de téléphone, des réunions par Skype, et des déplacements plus nombreux. Les réunions de groupe se font à Lyon où tous les sites convergent, et les cadres se déplacent. « Tous les nouveaux directeurs recrutés sont mobiles, cela fait partie de leur contrat. Et je les retrouve aussi deux jours par semaine à Lyon : dans l’affaire, c’est moi le puni ! », ironise Antonio Gil. Trois recrutements sont encore en cours pour le site lyonnais. « Je cherche un informaticien depuis huit mois pour Nogent, mais je vais délocaliser l’annonce pour trouver quelqu’un ! », admet le directeur. Grâce à ce choix, le groupe Marle assure avoir « le choix des CV ». « Alors que sur Nogent, on était obligé de prendre des gens avec moins de technicité. »

« J’étais pourtant prêt à payer un salaire parisien ou lyonnais pour le DAF, mais ça ne suffisait pas », ajoute encore le directeur.

Partenaire de l’Université technologique de Troyes

Côté ingénieur, le spécialiste des prothèses a aussi participé à l’implantation d’une antenne de l’Université technologique de Troyes (UTT), en Haute-Marne, en 2015. « Je prends trois stagiaires chaque année de licence 1, 2 et 3. Depuis le début du partenariat, j’en ai gardé deux. Cela permet de profiter des connaissances de ces étudiants, d’assurer un vivier de personnes formées sur place, au cas où on aurait des besoins, et de détecter des profils intéressants en côtoyant ces étudiants pendant une année entière », se réjouit le directeur. « Implanter une école était aussi une manière de rendre plus attractif le territoire, pour des cadres avec une famille, c’est important », assure-t-il, malgré ses soucis persistants. Désormais, le groupe Marle se tourne vers les États-Unis et les prochaines problématiques de recrutement seront donc posées en anglais. « Il me manque aussi des tourneurs et des fraiseurs sur le site de Saint-Étienne, mais, pour ces postes, on ne trouve quasiment plus de personnels formés sur place », regrette Antonio Gil. Le mal de tête continue.

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  • Lucie Tanneau