Dans ce livre, Sandra Enlart, ex-dirigeante d’Entreprise & Personnel, imagine l’avenir de la formation à l’ère de la robotisation et du big data. Un futur où l’apprentissage de compétences en continu deviendrait un enjeu stratégique. Intelligent.

Après le digital, à quoi ressemblera la formation du futur ? Avec l’émergence de l’intelligence artificielle, des datas et de la robotisation, susceptibles de transformer rapidement les métiers, les DRH doivent « changer de modèle de formation », plaide Sandra Enlart, auteur de ce nouveau livre sur « l’entreprise apprenante ». L’ancienne dirigeante d’Entreprise & Personnel, connue pour ses travaux sur le digital, les invite à inverser la vapeur. Exit les plans de formation dictée par l’offre : « Arrêtons de croire que l’on puisse former à des métiers qui n’existent pas ! » Pour anticiper l’avenir, l’enjeu consisterait à miser sur l’acquisition de compétences en continu, « en partant de l’individu et de sa situation de travail ». Seul moyen selon elle « pour que chaque salarié puisse apprendre au fur et à mesure de ses besoins » à travailler avec des algorithmes ou des robots susceptibles un jour de le seconder dans ses activités. Sandra Enlard livre un exercice de prospective poussé, où « l’apprenance » serait le pilier central de l’entreprise : management chargé d’identifier les compétences nécessaires, RH chargé de piloter les ressources pédagogiques multiples (réalité virtuelle, réseaux, groupe de pairs), coach pédagogique pour guider l’apprenant. Une vision souvent pertinente et mûrie. Seul bémol : à la lecture, ce knowledge management revisité apparaît complexe. Le livre pêche aussi par un excès de croyance envers la fiabilité des technologies qui libèreront du temps. Exemples ? Dans le futur imaginé par l’auteure, le rôle classique de manager, en tant que « producteur » et coordinateur du travail, n’existera sans doute plus, guidé par « des systèmes d’information de plus en plus individualisés sophistiqués ». Quant aux missions réglementaires des RH, « le scénario d’ubérisation de leur fonction, s’il n’est pas le seul, devrait s’imposer dans les grandes et moyennes entreprises ». Leur mission se recentrerait ainsi dans la conception et l’évaluation « des processus apprenants » réactualisés en permanence, avec les informaticiens en charge de l’IA ou du data. Que l’on adhère ou non à ce scénario, le livre est riche en analyses et en réflexions pour les DRH et les dirigeants. Car pour l’auteure, face aux enjeux de l’intelligence artificielle, « les lieux d’anticipation doivent devenir stratégiques », y compris au sein des comités de direction…