logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

L’actualité

Formation : Clap de fin amer pour le FPSPP

L’actualité | publié le : 07.01.2019 | Benjamin D’Alguerre

Au moment de remettre les clés du FPSPP à France Compétences, les partenaires sociaux s’inquiètent sur l’avenir de la péréquation des fonds de la formation, notamment en direction des PME et de leurs salariés.

Après neuf ans de bons et loyaux services, le Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels (FPSPP) a fermé boutique fin décembre pour devenir, dès janvier, l’une des composantes de France Compétences, l’opérateur public en charge du pilotage des fonds de la formation. Celui-ci doit d’ailleurs s’installer dans les locaux de l’ex-Fonds paritaire, à deux pas de l’Opéra de Paris, et récupérer ses 45 salariés ainsi que les presque 10 millions d’euros encore en caisse.

Mais la transition n’est pas facile pour les partenaires sociaux jusqu’alors gestionnaires de ce fonds chargé d’établir la péréquation du financement d’actions de la formation à destination d’entreprises, de salariés ou de demandeurs d’emploi (grâce à une contribution annuelle sur la collecte des Opca). Pour eux, c’est une page de la gestion paritaire des fonds de la formation qui se tourne puisqu’ils perdent à la fois leur outil technique de péréquation (le FPSPP) et leur instance politique en charge de la définition des politiques paritaires d’emploi et de formation (le Copanef), tous deux noyés dans la nouvelle entité quadripartite (État, régions, syndicats, patronat) où les voix du paritarisme risquent d’être couvertes par celles des représentants de l’exécutif.

L’ambiance était donc douce-amère lors de l’ultime session du FPSPP, le 20 décembre 2018. « Nous entrons dans une nouvelle ère pour la formation professionnelle, mais peu de gens savent à quoi elle ressemblera », annonçait Dominique Schott, ex-vice-président (FO) du Fonds paritaire.

Une instance « trop discrète »

Durant les presque dix années d’existence du FPSPP (qui a succédé en 2009 au FUP, le Fonds unique de péréquation), les partenaires sociaux n’ont pas démérité : 4,3 millions de personnes formées (2 millions de salariés, 2,3 millions de chômeurs), 424 000 contrats de professionnalisation financés, 700 millions d’euros investis dans le CPF depuis 2015, 3,2 millions de formations financées dans le cadre de ses appels à projets, 742 millions d’euros alloués à Pôle emploi pour financer les rémunérations de fin de formation des demandeurs d’emploi et 277 millions pour l’emploi des jeunes. Sans compter les initiatives prises en faveur des formations aux savoirs de base (certificat CléA), de l’aide à la transformation des entreprises (programme Muteco) ou des coups de pouce donnés à l’apprentissage via des aides au financement des WorldSkills. Mais avec le sentiment de n’avoir pas été reconnu pour le travail accompli.

« Nous avons peut-être été trop discrets sur les actions menées… », regrettait Pierre Possémé, l’ex-président (Medef) du Fonds paritaire. Il faut dire que, ces dernières années, l’État a surtout vu dans le FPSPP une cagnotte dans laquelle puiser pour financer ses politiques de l’emploi. Dernière ponction en date : les quelque 800 millions d’euros destinés à cofinancer le plan « 500 000 formations pour les demandeurs d’emploi » du quinquennat Hollande.

Quelle péréquation ?

Mais, avec la réforme entrée en vigueur au 1er janvier qui supprime les fonds mutualisés de la formation pour les entreprises de plus de 50 salariés, et en l’absence d’instance en charge d’assurer la péréquation financière au profit des entreprises (tâche qui n’entre pas dans les prérogatives de France Compétences), les ex-administrateurs du FPSPP s’interrogent : « Que les secteurs de la banque et l’assurance n’aient pas besoin de la mutualisation pour financer leurs plans de formation, je le comprends, mais quid de la PME qui fait un chiffre d’affaires d’un million d’euros par an ? Elle n’aura jamais les moyens de décaisser 10 000 euros pour former ses salariés ! » à en croire Bertrand Demier, ex-trésorier adjoint (CPME).

Pierre Possémé abonde : « Les cautions bancaires pour investir dans de nouveaux équipements sont plus faciles à négocier si, derrière, le banquier sait qu’il existe un financement pour former les salariés à leur usage. » Demain, il va falloir apprendre à faire différemment…

Auteur

  • Benjamin D’Alguerre