logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Chroniques

Tourner la page

Chroniques | publié le : 07.01.2019 |

Image

Tourner la page

Crédit photo

Meryem le Saget conseil en entreprise

« Les personnes ne sont pas résistantes

au changement, dit William Bridges, consultant américain renommé. Elles ont du mal avec les transitions. »1 Effectivement, il fait une distinction entre le changement, qui est la modification de certains aspects de notre vie, et la transition, qui décrit le processus que chacun traverse pour s’adapter au changement.

Ainsi, un nouveau job, un déménagement,

le départ des enfants de la maison, une maladie ou un deuil, la transformation de son métier sont des changements. Si certains sont prévisibles, d’autres arrivent sans prévenir. Tout le défi est de parvenir à digérer ces changements, surtout quand ils se succèdent à un rythme effréné. C’est le rôle de la transition. Bridges a mis en évidence que, depuis toujours et dans toutes les cultures, la prise en compte de la transition fait le succès du changement. Malheureusement, nous avons tendance à l’ignorer.

Toute transition comporte trois phases,

chacune marquée par les émotions qui nous animent. Cela commence par le sentiment que quelque chose prend fin. On se sent désorienté par le changement, désemparé, parfois déçu (après tout ce que j’ai fait !), souvent découragé. Même un changement souhaité (une promotion, un grand voyage, un mariage) va créer au début une certaine désorientation. En fait, on comprend qu’une période se termine et que notre quotidien ne sera plus jamais comme avant. La compétence utile dans cette phase est de savoir tourner des pages, en intégrant ce que l’on a vécu de positif au cours de la période précédente, et en acceptant d’avancer. Oui, curieusement le nouveau commence par une fin.

Si l’on vit consciemment

cette « fin du passé », on entre alors dans la deuxième phase, la « zone neutre », sorte de période intermédiaire où l’on cherche de nouveaux repères. On apprend à s’adapter, à vivre dans l’incertitude, à travailler autrement, à se détacher de certaines habitudes. Ici, les compétences clés sont l’expérimentation, la curiosité, le partage et la confiance.

À force d’expérimentation,

on trouve de nouvelles marques, le quotidien se stabilise, on regagne de l’énergie, un futur se dessine. C’est le commencement d’un renouveau, comme un « nouveau départ ». Nous sommes dans la troisième et dernière phase de la transition, celle où l’on consolide les nouveaux repères. Les compétences utiles sont la persévérance et la confiance dans le futur.

Beaucoup de personnes sont en déficit

de transition. Au cours des dernières années, le temps s’est accéléré. Elles ont cumulé les changements, mais sans prendre le temps de tourner des pages. Pourtant, l’énergie de la transition, celle qui nous permet de traverser les trois phases, vient de la capacité à finir, et non à commencer.

En ce début d’année,

l’heure est aux aspirations nouvelles. Alors commençons par nous alléger de tout ce qui nous encombre et nous retient en arrière. À quoi devons-nous dire adieu ? Quelles pages se tournent ? Que faut-il arrêter de faire ? Quels schémas mentaux doit-on laisser derrière soi ? Finir le passé en toute conscience est le meilleur garant du succès de nos nouveaux projets. Au lieu de faire des listes d’envies, finalement, nous devrions écrire des listes d’adieux !

(1) « Transitions de vie », de William Bridges, Interéditions.