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Denis Monneuse : Du côté de la recherche

Chroniques | publié le : 07.01.2019 | Denis Monneuse

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Denis Monneuse : Du côté de la recherche

Crédit photo Denis Monneuse

Équilibre de vie ou carrière, faut-il choisir ?

L’équilibre

entre vie professionnelle et vie personnelle est un sujet de préoccupation majeur des salariés. C’est pourquoi de nombreuses entreprises ont signé des accords collectifs et mis en place des plans d’action dans ce domaine. Leur bilan est toutefois mitigé. Une des raisons est que les salariés y réfléchissent à deux fois avant d’utiliser les dispositifs proposés par leur employeur. Pourquoi ?

Par peur des conséquences sur leur carrière. Les salariés craignent en effet que ces dispositifs se révèlent des pièges au sens où en profiter serait perçu comme une preuve de faible ambition professionnelle.

L’exemple typique

est celui du temps partiel. Les salariés savent bien qu’ils risquent, d’une part, de voir leur charge de travail réelle diminuer moins fortement que leur rémunération, et, d’autre part, de voir leurs opportunités de promotion se réduire à peau de chagrin.

Pourtant, certains salariés ont pu gravir les échelons hiérarchiques tout en utilisant des dispositifs proposés par leur entreprise.

Pour y voir plus clair

sur les conséquences sur la carrière de l’utilisation par les salariés de dispositifs en faveur d’un meilleur équilibre de vie, Sarah Bourdeau, Ariane Ollier-Malaterre et Nathalie Houlfort, toutes trois chercheuses à l’Université du Québec à Montréal (UQÀM), proposent de distinguer deux types de dispositifs1.

D’un côté, ceux qui visent à donner plus de latitude aux salariés sur quand, où et combien de temps ils travaillent. On retrouve ici typiquement le temps partiel, le télétravail et les congés parentaux.

D’un autre côté, ceux qui visent à maximiser la disponibilité des salariés en leur offrant des services sur le lieu de travail pour gagner du temps : des crèches, des salles de sport, des services de conciergerie, etc.

Le choix des dispositifs

utilisés par les salariés n’est pas neutre car, à travers eux, les managers interprètent l’engagement au travail de leurs collaborateurs.

Ceux qui utilisent la crèche d’entreprise pour pouvoir rester plus tard au travail ont tendance à être perçus comme des salariés engagés, tandis que ceux qui préfèrent prendre un congé parental ou bien un temps partiel envoient un signal négatif aux yeux de leur hiérarchie : ils indiquent en creux que le travail est une activité secondaire, leur priorité étant leur vie personnelle.

Les trois chercheuses

de l’UQÀM soulignent également que l’éthique professionnelle des salariés, les attentes des managers ainsi que leur propre expérience des dispositifs existants jouent aussi sur la façon dont sera perçue leur utilisation.

Si vous êtes considéré comme un salarié engagé et que votre supérieur pratique lui-même le télétravail, cela ne devrait pas nuire à votre carrière d’en faire de même. En revanche, si vous êtes perçu comme tire-au-flanc et que votre supérieur a une image négative du télétravail, le pratiquer risque de nuire à votre carrière.

Bref, ce n’est pas tant

entre équilibre de vie et carrière qu’il faut choisir, mais entre les différents dispositifs offerts par votre entreprise pour savoir lequel est le plus stratégique pour votre avenir professionnel !

(1) Bourdeau, S., Ollier-Malaterre, A., & Houlfort, N. Not All Work-life Policies Are Created Equal : Career Consequences of Using Enabling versus Enclosing Work-life Policies. Academy of Management Review, 2019.

Auteur

  • Denis Monneuse