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Sur le terrain

Handicap : L’Atelier du courrier, facteur de RSE

Sur le terrain | publié le : 17.12.2018 | Lucie Tanneau

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Handicap : L’Atelier du courrier, facteur de RSE

Crédit photo Lucie Tanneau

Entreprise adaptée, l’opérateur postal agréé gère le courrier pour le compte d’entreprises clientes. Avec deux avantages : une économie d’échelle et surtout un engagement social.

Réduire les dépenses et partager les économies pour soutenir la création d’emploi sur le champ du handicap. C’est le modèle de L’Atelier du courrier, une entreprise adaptée et solidaire. Fondée en 2013 par Jean-Michel Kampf, la société trie et affranchit le courrier pour le compte d’entreprises tiers. Parmi sa centaine de clients, Peugeot, Effia, Metro, HD assurances… Les salariés collectent quotidiennement des plis fermés (factures, relances, bulletins de paie, recommandés, quittances…) auprès des professionnels (PME, TPE, grandes entreprises, professions libérales…) et les trient selon des critères précis (poids, format, adressage) avant de les affranchir par lots pour bénéficier de la dégressivité des tarifs postaux. Ils les remettent le jour même à La Poste, dont l’entreprise est l’un des partenaires agréés. « Grâce au tri et à la massification, le recours à L’Atelier du courrier réduit la facture de nos clients de 30 % », assure le directeur. L’Atelier du courrier gère également l’impression de données variables à distance, les mises sous pli à façon, le recyclage d’imprimés commerciaux, l’optimisation des adresses manuscrites… Un gain de temps et d’argent, sans passer par la robotisation.

« Ces économies financent le projet : elles nous permettent de créer des emplois pour des personnes en situation de handicap », se réjouit Jean-Michel Kampf qui se rémunère sur ces économies permises au client. Plus de 80 % des 50 salariés sont reconnus handicapés. Basé à Nanterre, L’Atelier du courrier a racheté une entreprise adaptée à Saint-Malo et vient d’ouvrir cette année une antenne à Troyes. Sur chaque site, des aménagements sont réalisés pour améliorer l’ergonomie au travail et la gestion des équipes se fait avec beaucoup de « bienveillance ». 20 millions de plis ont été traités depuis la création, et l’entreprise, fondée avec un capital de 8 000 euros, dégage un chiffre d’affaires de plus de 1,5 million d’euros.

Un engagement concret

Le modèle, rendu possible par l’ouverture à la concurrence du marché de la distribution du courrier en 2010 puis de la totalité de l’activité « courrier » en 2011 en France, présente un double avantage pour les entreprises clientes. Outre les économies, il leur permet un engagement concret dans leur politique de responsabilité sociale. L’Atelier du courrier les accompagne ainsi dans leur obligation de salarier plus de 6 % de personnel handicapé (à partir de 20 salariés, NDLR), et leur propose un nouveau modèle tout en évitant la robotisation. « En passant par nous pour leur courrier, ces entreprises sont réellement solidaires : des humains font le travail que des machines faisaient ou pourraient faire, mais de manière beaucoup plus productive et qualitative. En plus, ces humains sont des personnes handicapées », schématise le fondateur, pourtant plutôt en désaccord sur le modèle français de l’entreprise adaptée. « Nous avons créé l’entreprise avec mon épouse en 2013, mais n’avons obtenu l’agrément qu’en 2017 », précise-t-il. L’entreprise était rentable sans les aides au poste ou les subventions. « Mais l’agrément est une reconnaissance de notre engagement, tant pour les salariés qu’auprès de nos clients », justifie Jean-Michel Kampf.

L’Atelier du courrier forme aussi ses salariés pour une réinsertion en « milieu ordinaire » (la feuille de route de toutes les entreprises adaptées), et notamment les entreprises clientes, qui peuvent devenir les futurs recruteurs. Des prestataires externes assurent les formations en langues ou en connaissances informatiques. Les formations au savoir postal sont, elles, dispensées en interne. « On ne vend pas le handicap, ce n’est pas un business. Nous vendons la qualité de travail de nos salariés et les économies que nous permettons à nos clients », répète Jean-Michel Kampf. D’autant qu’il est souvent difficile pour des personnes ayant été éloignées de l’emploi de quitter l’entreprise qui leur a remis le pied à l’étrier et où elles se sentent bien. « Mon ambition est de devenir un centre de formation adaptée pour notre grande sœur La Poste », rêve le fondateur. Avec toujours le même modèle social et solidaire.

Auteur

  • Lucie Tanneau