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Pologne : Un salarié nord-coréen porte plainte contre un constructeur naval

L’actualité | publié le : 17.12.2018 | Lys Zohin

Le chantier naval est en Pologne, le constructeur est néerlandais et le salarié est nord-coréen. Ce dernier vient d’attaquer la société de construction navale pour les conditions de travail inhumaines, voire dignes de l’esclavage, qu’il aurait connues lors de son passage sur les chantiers navals polonais. L’exploitation de travailleurs nord-coréens dans deux chantiers polonais a déjà été dénoncée dans deux rapports, en 2016 et 2018, l’un étant le fruit d’une étude lancée par l’université de Leiden, aux Pays-Bas. Nombreux sont les Nord-Coréens recrutés pour aller travailler à l’étranger. Selon les estimations, ils seraient entre 50 000 et 200 000 en Chine, en Russie, dans divers pays d’Afrique et au Moyen-Orient, offrant ainsi un revenu essentiel pour le gouvernement nord-coréen. Sélectionnés selon leur fidélité au régime – à cet égard, avoir des enfants est un gage de moindre tentation de défection… –, ils ne savent où ils vont qu’à la dernière minute. Arrivés sur place grâce aux bons soins de leur ambassade, ils remettent leur passeport aux autorités de leur pays. Sans contrat, et même souvent sans salaire, puisque c’est en général la société nord-coréenne sur place ou une joint-venture qui touchent l’argent versé par le client. Et s’ils touchent un maigre salaire, celui-ci est en outre amputé de « donations » obligatoires au Parti des travailleurs coréens au pouvoir, de remboursements exagérés pour leur nourriture, leur logement… Les documents sont en général falsifiés pour passer les contrôles de l’inspection du travail locale, relèvent enfin ces différents rapports sur les conditions de vie de ces travailleurs, concluant sans détour qu’il s’agit bien de « travail forcé ». Reste à savoir qui sera considéré comme responsable de cette situation et si l’on pourra remonter jusqu’au premier bénéficiaire… Pour l’heure, c’est contre la société de construction navale néerlandaise (dont le nom n’a pas été divulgué par la justice) que le travailleur nord-coréen a porté plainte, en fonction du Code pénal néerlandais, qui prévoit ce genre de cas.

Auteur

  • Lys Zohin