De quoi le numérique est-il le nom ? La transition éponyme relève tantôt du fourre-tout, tantôt du dédale où les utilisateurs ont bien du mal à se repérer. Professionnel de la communication, le messin Christophe Prévost s’est aperçu à l’occasion d’un stage multimédia qu’il n’existait aucun référentiel permettant de valider de manière uniforme les compétences numériques de chacun. L’entrepreneur s’est appuyé sur Lor’N’Tech, collectif numérique lorrain labellisé French Tech, pour combler cette lacune. Dédiée à la culture et aux outils digitaux, sa start-up Échelle numérique se propose d’accompagner les dirigeants et les RH sur la voie des réseaux sociaux, des outils du Web et des bonnes pratiques en matière de sécurité et de protection des données.

« J’ai mis au point un test d’auto-évaluation qui constitue une porte d’entrée pour aider les décideurs à comprendre les enjeux du numérique, à réfléchir à ses différents usages et à définir leurs priorités », indique Christophe Prévost. Réunis à l’occasion d’un « hackathon » privé, des développeurs, codeurs et marketeurs de Blida, tiers-lieu digital messin, ont prédéfini une base contenant plusieurs centaines de questions régulièrement renouvelées. Extraites de manière aléatoire, 40 questions constituent un quiz interrogeant pêle-mêle sur l’histoire de l’informatique, la syntaxe d’une adresse e-mail, le droit applicable aux données des salariés dans le monde du travail ou encore, sur le bon usage de Facebook à des fins commerciales.

Gratuit – moyennant la collecte de bon nombre de données –, le test oriente les utilisateurs vers quatre modules de formation respectivement dédiés à la culture numérique (histoire, enjeux sociétaux et professionnels, vocabulaire et terminologies), aux réseaux sociaux généralistes et professionnels, aux outils de la dématérialisation et à la sécurisation de l’organisation. Un cinquième module optionnel propose aux chefs d’entreprise et aux collectivités un accompagnement à la stratégie numérique. Agréée en tant qu’organisme de formation depuis sa création en janvier 2017, Échelle numérique mobilise une vingtaine d’intervenants issus de Lor’N’Tech. « Je ne recherchais pas des formateurs professionnels, mais des créateurs de start-up ou des experts capables de parler d’égal à égal avec des dirigeants », explique Christophe Prévost.

Une demi-douzaine d’entreprises, institutions et collectivités ont investi dans ces formations d’une durée de deux jours, dont un jour plein et deux demi-journées non consécutives. L’enseigne Ikea a ainsi inscrit une dizaine de membres des RH des points de vente de Metz, Strasbourg et Haguenau à ce stage pour poser le socle d’une culture numérique commune. « Je suis loin d’être une geek. Les techniques de recrutement changent et je craignais une forme d’obsolescence. Le stage m’a décomplexée tout en m’apportant des connaissances très utiles en matière de communication et de marque employeur », témoigne Sabine Fischer-Nitton, responsable des ressources humaines du magasin de Metz.

Le département de la Moselle a pour sa part choisi d’acquérir le logiciel d’Échelle numérique en marque blanche pour y inclure un volet spécifique au tourisme. « L’application contribue à la montée en compétences des acteurs du tourisme. L’évaluation nous permet de mettre en œuvre des plans de formation adaptés à notre projet d’académie d’e-tourisme », indique Michel Saint-Pé, directeur général de l’agence Moselle Attractivité.

Les premiers clients d’Échelle numérique ont financé les formations sur leurs propres deniers ou en mutualisant les coûts, qui varient entre 4 500 et 5 000 euros pour une session incluant huit stagiaires. La start-up vise à présent l’agrément qui permettra aux salariés de mobiliser leur crédit individuel de formation. La double réforme de la formation et des Opca induit un temps de latence, mais le fossé numérique qui se creuse appelle ce type de solutions.