Le compte à rebours a commencé : en janvier prochain, Adecco devrait ouvrir son CFA d’entreprise centré sur les métiers du recrutement. À la manœuvre, Frédérique Plasson, directrice générale des solutions emploi et formation d’Adecco, peaufine les derniers réglages. Une vingtaine de participants de niveau bac + 2 devraient ainsi constituer la toute première cohorte d’une formation créée pour répondre à la demande du géant de l’intérim et du recrutement mais aussi de ses clients. « Chaque année, quelque 100 000 offres d’emploi ne sont pas pourvues, faute de pouvoir trouver des candidats, explique la responsable. Or de nouvelles techniques de recrutement sont en train de se développer autour du quotient émotionnel, des soft skills, ces compétences comportementales de plus en plus recherchées par les entreprises, ou de l’utilisation de technologies reposant sur les algorithmes, pour ne citer que quelques exemples mais il y a encore peu de spécialistes RH qui les maîtrisent et sont capables de les utiliser. » Et Frédérique Plasson de rappeler que les formations existantes dans le domaine des RH ne prennent pas suffisamment en compte ses évolutions. « Elles sont soit trop généralistes et n’insistent pas suffisamment sur les techniques de recrutement, ou bien beaucoup trop courtes pour acquérir ces nouvelles compétences », insiste-t-elle.

C’est donc pour combler ce manque qu’Adecco a développé un premier programme qui devrait se dérouler sur un à deux ans comprenant à la fois des cours en salle mais aussi des enseignements accessibles en e-learning. Ouvert aux étudiants en poursuite d’études, il pourrait aussi accueillir des conseillers d’Adecco – ou des chargés de recrutement de clients – qui ont besoin de se positionner sur ces nouvelles techniques. Ce cursus devrait en outre déboucher sur un titre professionnel de niveau bac + 3/bac + 4, inscrit au RNCP (Répertoire national des certifications professionnelles). Le contenu, quant à lui, est appelé à évoluer au fil du temps en fonction des nouveaux outils et technologies disponibles, la digitalisation des processus de recrutement n’en est aujourd’hui qu’à ses balbutiements. Un centre de recherche adossé à cette formation devrait ainsi voir également le jour pour faciliter le passage entre la théorie et la pratique. Intéressant pour relever les défis qui s’imposent à l’entreprise et pour lui permettre de raccourcir les délais entre l’apparition de nouvelles techniques et la formation de ses collaborateurs présents et futurs, la création de ce CFA devrait en outre permettre à Adecco de verser une contribution directe à son centre de formation qui pourrait être déduite de sa taxe d’apprentissage. À suivre…

Si Adecco se lance aujourd’hui dans la création de son propre CFA, d’autres entreprises pourraient rapidement lui emboîter le pas. Chez Michelin, aussi, l’heure est aux derniers réglages pour le lancement d’un CFA non pas dédié aux seuls besoins de l’entreprise de Clermont-Ferrand mais répondant à la volonté commune d’une quinzaine d’entreprises auvergnates (Limagrain, Banque de France), intéressés pour former en apprentissage des bacs pro et des BTS dans un objectif de recrutement. Cette démarche, contrairement à celle d’Adecco, est entièrement construite en complémentarité et en partenariat avec l’Éducation nationale, le rectorat étant associé à cette démarche visant également à promouvoir la marque employeurs des entreprises qui en ont eu l’initiative. D’autres annonces pourraient également être faites dans les prochains mois : s’il réfléchit activement à la création de son propre CFA, AXA estime en effet qu’il est encore trop tôt pour en révéler les contours…