logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Sur le terrain

Mouvements sociaux : Québec : la grève du vin s’éternise

Sur le terrain | publié le : 03.12.2018 | Ludovic Hirtzmann

« On veut une bonne convention (collective) », revendiquent haut et fort les agents des 400 succursales de la Société des alcools du Québec (SAQ). Après avoir utilisé plusieurs moyens de pression, les 5 500 employés des SAQ de la Belle province ont voté pour des grèves perlées. Trois jours de paralysie pendant le Beaujolais nouveau, alors que la température a atteint – 18 degrés à Montréal, du jamais vu en cette saison. Au Québec, l’État dispose d’un monopole sur la vente du vin et des alcools forts (il existe bien quelques rares bouteilles de mauvaise qualité dans les épiceries). La convention collective des employés de la SAQ est échue depuis dix-huit mois ! Les principales revendications syndicales concernent les horaires de travail, jusqu’à 22 heures le week-end dans certaines succursales. Autre point de litige, les dirigeants de l’entreprise souhaitent affecter les travailleurs dans les points de vente non en fonction de leur ancienneté, mais des heures travaillées. Et obliger les employés à temps plein à travailler plus en fin de semaine. « La direction ne nous propose aucune augmentation de salaire », assure un jeune employé montréalais à temps partiel. « J’ai un bon salaire, de bonnes conditions de travail, mais je suis de plus en plus l’exception. La SAQ embauche de plus en plus de jeunes à temps partiel, qui viennent ici pour quelques heures », confie ce gérant d’une succursale montréalaise. Plus de 70 % des employés seraient à temps partiel. Selon plusieurs sources, il faudrait actuellement 15 ans en moyenne pour être titularisé à temps plein. Le conflit s’éternise. C’est d’autant plus surprenant que la SAQ est une manne financière pour le gouvernement qui en profite pour vendre les vins européens, australiens ou chiliens à des prix prohibitifs. Un petit vin du Languedoc, vendu l’équivalent de quatre dollars dans sa région d’origine, est commercialisé à 12 dollars au Québec. Pourtant, le niveau de vie des Québécois reste en moyenne inférieur à celui des Français. Quelle que soit l’issue du conflit dans cette grève du vin, le PDG de la SAQ, Alain Brunet, dont le salaire a atteint 482 000 dollars l’an dernier, partira à la retraite à la fin de l’année avec des étrennes de 419 000 dollars comme cadeau de départ.

Auteur

  • Ludovic Hirtzmann