Alors que le gouvernement entend supprimer 120 000 emplois de fonctionnaires et réfléchit à introduire des primes au mérite, ce livre d’Évelyne Betchold-Rognon, présidente de l’Institut de recherche de la FSU, l’un des principaux syndicats de la fonction publique, dénonce le New management public (NMP) qui gagne la France. La syndicaliste revient sur les racines anglo-saxonnes de cette politique, à partir d’un scandale révélant en 2008 « la tricherie » des enseignants anglais pour aider leurs élèves, leurs primes étant liées aux résultats de placement. Caricatural ? Pour la syndicaliste, nous serions rentrés en France « dans une NMP qui avance masquée » pour diminuer les coûts, en jouant sur le management. Très axé sur l’enseignement, l’ouvrage étudie « les effets pervers de l’obsession de l’évaluation » dans les écoles ou la fonction publique territoriale : tricherie, perte de sens, burnout. La critique n’est pas nouvelle, mais on y apprend beaucoup sur la pression des résultats qui pèse sur les chefs d’établissements. À noter : une réflexion partisane, mais très nourrie sur la « stratégie de lean management » qui serait mise en place chez Pole emploi, basée sur des objectifs à atteindre en responsabilisant les salariés. Cette autonomie est « un leurre » selon l’auteure, alors que la tension s’accroît avec la publication des résultats des agences. Entre témoignages et sociologie, ce livre bien fait devrait intéresser les syndicats.