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Sur le terrain

Responsabilité sociale des entreprises : La politique RSE de JP Morgan passe par le « neuf-trois »

Sur le terrain | publié le : 19.11.2018 | Benjamin D’Alguerre

La banque d’investissement compte engager 26 millions d’euros sur cinq ans en Seine-Saint-Denis dans le cadre de son projet RSE Advancing Cities. Une manne qui profitera aux acteurs de l’inclusion, de l’insertion économique et de la promotion des « talents cachés » issus du département.

C’est la rencontre entre l’un des géants de la finance mondiale et le département le plus pauvre de France. Dans le cadre de son programme Advancing Cities, la banque JP Morgan Chase a choisi de faire bénéficier la Seine-Saint-Denis d’un plan d’investissement dédié au développement de la formation, de l’emploi et du tissu économique local. Total de l’enveloppe que la multinationale prévoit de poser sur la table : 30 millions de dollars (soit 26 millions d’euros) destinés à financer des initiatives locales en surfant sur ces opportunités de développement que représentent, notamment, le chantier du Grand Paris ou l’organisation des JO 2024. Pour ces derniers, selon les vœux du gouvernement, 10 % des heures travaillées devraient d’ailleurs s’inscrire dans le cadre de divers programmes d’inclusion. « Mais on ne se limitera pas à des interventions sur ces deux évènements », précise Kyril Courboin, directeur général France de JP Morgan, « seront aussi concernés des projets liés à la transition écologique, au numérique ou à l’écoconstruction, par exemple. Au total, nous devrions financer une centaine de projets, dont la moitié portée par le secteur associatif ».

« Les cyniques nous demandent “pourquoi JP Morgan investit-elle sur la Seine-Saint-Denis ?” Je leur réponds “Parce que c’est juste. Mais aussi parce que c’est bon pour notre entreprise et son avenir !” », lançait Peter Scher, Head of Corporate Responsability (directeur de la RSE) de la Fondation JP Morgan le 6 novembre à l’occasion du lancement de l’opération à Pantin, dans les locaux du « Pôle d’excellence matériaux souples » (PEMS) des Compagnons du Devoir. Un acteur que la filiale française de l’institution bancaire connaît bien pour avoir déjà contribué à financer, à hauteur de 400 000 euros en 2017 et 2018, le volet numérique de l’APPIE (Apprentissage en immersion en entreprise), un dispositif expérimental visant à former les apprentis en entreprise durant 90 % de leur scolarité.

« Talents cachés » locaux

Les Compagnons ne sont d’ailleurs pas les seuls bénéficiaires séquanodyonisiens des politiques RSE de JP Morgan puisque celle-ci a déjà, par le passé, noué des partenariats avec des acteurs tels que le cabinet Mozaïk RH (qui recrute des talents issus « des quartiers ») ou l’association d’insertion Sport dans la ville. Car la banque envisage également de faire émerger des « talents cachés » locaux :

« Peut-être ces opérations nous permettront-elles de toucher des personnes brillantes issues de ces quartiers que nous serons ensuite heureux d’accueillir dans nos équipes », s’interroge Kyril Courboin.

Économiquement sinistré

Pour JP Morgan, l’initiative n’est pas neuve. Depuis cinq ans déjà, sa fondation fait bénéficier des territoires économiques sinistrés de ses programmes d’action. Détroit, Chicago ou les quartiers populaires de Washington DC ont déjà été ciblés par des opérations semblables. C’est cependant la première fois que l’institution financière new-yorkaise a choisi la France. « Le 17 juillet dernier, le président de la République a contacté une centaine de grandes entreprises pour leur demander de s’impliquer dans l’inclusion sociale et JP Morgan fait partie de ceux qui ont répondu présent. L’insertion réussira si l’État, le monde associatif et les entreprises savent travailler ensemble », souligne la ministre du Travail, Muriel Pénicaud. « On ne vient vraiment pas comme la grande banque américaine donneuse de leçons qui vient se substituer à l’État. Nous fêtons cette année le 150e anniversaire de notre implantation en France, alors si la France se porte bien, nos affaires se portent bien aussi », résume Kyril Courboin. La philanthropie est aussi un business.

Auteur

  • Benjamin D’Alguerre