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Sur le terrain

Santé : Solvay déploie son observatoire du burn-out à l’échelle mondiale

Sur le terrain | publié le : 12.11.2018 | Nathalie Tran

Après une expérimentation de deux ans en France et en Belgique, le leader de la chimie forme l’ensemble de ses équipes RH et de santé, à travers le monde, afin de prévenir et résoudre les cas de burn-out. Actions à l’appui.

Une charge de travail excessive, la difficulté à concilier vie professionnelle et vie privée et la pression temporelle, sont les trois principales causes de stress pouvant mener à un épuisement professionnel, identifiées par l’équipe de médecine du travail de Solvay.

Viennent ensuite les problèmes relationnels, les changements organisationnels ainsi que l’absence de facteurs protecteurs comme la reconnaissance, le soutien de la hiérarchie et des collègues ou le feedback régulier.

Depuis décembre 2015, le groupe belge a mis en place un observatoire du burn-out afin de détecter les salariés en souffrance et prévenir le phénomène. « Jusque-là nous comptabilisions les accidents du travail physiques mais pas les accidents du travail psychiques », souligne Jean-Christophe Sciberras, directeur des relations sociales groupe et directeur des ressources humaines France.

La première étape a consisté en l’élaboration d’une définition du burn-out commune à l’ensemble des pays dans lequel le groupe est présent par les médecins et psychologues du travail ainsi qu’en la mise en place d’instruments d’évaluation. « Il fallait avoir la même approche et un langage commun », explique Isabel Ortega, médecin du travail, coordinatrice médicale groupe.

Le recensement des cas de burn-out – mais aussi de préburn-out – a ensuite débuté en 2016 à titre expérimental, en France et en Belgique, avant d’être déployé à l’échelle du groupe en 2018. « Le déploiement du dispositif se fait par phases, en fonction de la maturité du pays à aborder le sujet. Aujourd’hui, nous avons déjà formé les équipes médicales françaises, belges, espagnoles, portugaises, italiennes, anglaises, allemandes, brésiliennes, indiennes et mexicaines, ce qui représente 33 % environ de nos sites », précise Isabel Ortega. Les bilans réalisés au cours des deux premières années d’expérimentation ont montré que les femmes sont les premières touchées par le syndrome de burn-out, et ont mis en lumière un nombre d’accidents psychiques deux fois plus important que celui des accidents physiques. Ceux-ci donnent également lieu à un absentéisme trois fois plus long.

« Sortie de déni »

L’état des lieux, présenté au comité exécutif fin juillet 2017, a provoqué une prise de conscience. Cette « sortie de déni », comme la qualifie Jean-Christophe Sciberras, a permis de « mettre le sujet sur la table » et de le faire porter par la direction générale. Le plan de prévention à la gestion du stress mis en place a ainsi aidé à libérer la parole. Et ce sont les 60 top managers du groupe qui ont été les premiers à en bénéficier. « Il est important de rompre le tabou autour burn-out, faire prendre conscience qu’être en situation d’épuisement professionnel peut arriver à n’importe qui, et surtout ne pas stigmatiser pour le résoudre et le prévenir », explique Isabel Ortega. Le « wellbeing » ou bien-être au travail est une des priorités de Solvay. Au point que désormais, avec l’accord des collaborateurs concernés, des cas de burn-out professionnels sont rapportés et examinés deux fois par an en comex. L’objectif étant d’en analyser les causes profondes et d’en tirer les leçons en modifiant le rythme de travail, l’organisation, le management. L’accent est mis notamment sur la qualité du soutien managérial et le degré d’autonomie des salariés dans leur travail. Une réflexion qui a abouti notamment à une simplification des processus de contrôle. La réduction du nombre de reporting, par exemple, a permis aux managers de consacrer plus de temps à leur équipe, et à retrouver par là même du sens dans leur travail. « L’observatoire du burn-out sert fondamentalement à définir des actions préventives à l’échelle du groupe sur la base des données collectives anonymes », résume Isabel Ortega.

Solvay en chiffres

• 27 000 collaborateurs.

• 170 sites industriels.

• 58 pays.

Auteur

  • Nathalie Tran